A l’occasion du lancement de la deuxième phase de son projet « Economy First », l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) a organisé, lundi 17 juin 2019, un déjeuner-débat avec les médias.
Objectif : impliquer davantage, à travers Economy First, les médias en tant que plateforme tant pour les électeurs que pour les candidats.
Partant du constat qu’ils peuvent contribuer à inverser la tendance, l’IACE estime que les médias se présentent aujourd’hui comme le moyen le plus important pour combattre le populisme et les fausses promesses électorales.
En tant que think tank économique et pourvoyeur d’idées, l’IACE s’est engagé aussi à cadrer la réflexion économique et tenir l’opinion informée des éventuels dérapages populistes, et ce, à travers un planning de débats et des face-à-face avec des représentants des partis politiques autour de sujets sensibles.
L’objectif étant aussi de mettre les risques et les enjeux des problématiques économiques (déficit des entreprises publiques, des caisses sociales et de la balance commerciale, la dépréciation du dinar…) au cœur des débats en vue d’apporter des solutions concrètes.
On ne peut plus tergiverser !
Taieb Bayahi, président de l’IACE, a appelé les parties prenantes, à l’occasion de sa rencontre avec les représentants des médias, à être plus courageux et audacieux quant à la vérité de la situation parce que la situation sera plus difficile d’ici trois ans.
Oui, mais comment imposer aux partis politiques de prendre des mesures audacieuses parce que certains d’entre eux préparent déjà des arrangements populistes et ne proposent ni des solutions aux différentes difficultés ni les moyens pour y faire face ?
« L’économie tunisienne fait face à plusieurs contraintes. Il faut plus d’audace. Il faut plus de courage. Plus on avance vers la date des élections, plus on a tendance à ne pas dire les chiffres et présenter le diagnostic de la situation« , affirme M. Bayahi.
« Aucun parti politique n’a donné des solutions aux vrais maux qui ont eu un coût élevé pour le pays. Depuis 2011, on n’a eu que des budgets comptables ! On n’agit seulement que sur les symptômes. Les partis politiques n’ont pas encore intégré le danger d’un budget inflationniste », regrette le président de l’IACE.
La crise existe. Il faut que les partis politiques le comprennennent. C’est pourquoi, l’IACE, pour resituer aux Tunisiens la réalité des choses, a privilégié, à travers son projet Economy First, de se concerter avec les différents partis politiques pour trouver un consensus avant et non après les prochaines élections.
Comment augmenter les ressources et diminuer les dépenses ?
Pour le vice-président de l’IACE, Walid Hadj Amor, la sortie de crise nécessite l’augmentation de ressources et la diminution des dépenses, mais « il n’y a pas d’orientation claire vers ces deux sens« . Et d’ajouter qu’il faut reconnaître que l’administration est à l’origine de tous les maux.
Nafaa Ennaifer, membre du comité directeur de l’IACE, n’a pas manqué de préciser que l’objectif du projet Economy First est d’élever le débat et apporter des solutions concrètes.
M. Ennaifer le souligne clairement : l’IACE cherche, à travers les différents débats qu’il envisage d’organiser durant les deux prochains mois, de faire émerger des personnes compétentes capables de baliser le chemin vers une véritable relance économique.
Cela doit se faire à travers une prise de conscience partagée et commune quant à la gravité de la situation et à l’importance de trouver des consensus autour d’un certain nombre de mesures.
« Les partis politiques, toutes tendances confondues, continuent à appliquer la politique de l’autruche. Le prochain gouvernement doit être en mesure de changer concrètement la donne à tous les niveaux (relance économique, rétablissement de la confiance, espoir aux jeunes et régions…)« , ajoute Nafaa Ennaifer.
Efficacité et cohérence
Majdi Hassan, Directeur exécutif de l’IACE, a tenu à présenter la programmation de la deuxième phase de l’Economy First de l’institut. En effet, six thèmes (dinar, emploi, entrepreneuriat, maîtrise des déficits, syndicats et patronat, amélioration de la productivité…) ayant un lien direct avec l’économie tunisienne et seront discutés lors de la prochaine phase qui démarre le 19 juin.
Pour lui, les solutions apportées pas les partis politiques n’ont pas permis d’appliquer plusieurs composantes essentielles de la réforme. « Le plus difficile n’est pas de procéder à un diagnostic de la situation mais plutôt de savoir comment appliquer les propositions et les réformes nécessaires et urgentes avec plus d’efficacité en tenant compte d’une cohérence d’ensemble« .
C’est dans ce cadre que l’IACE entame aujourd’hui, 19 juin, la deuxième phase de son projet Economy First avec une première rencontre-débat sur le taux de change et les politiques économiques.
La deuxième rencontre et dernière rencontre programmée pour le mois de juin courant sera consacrée aux enjeux et défis de l’employabilité et l’efficacité des diplômes tunisiens. Les quatre rencontres, programmées pour le mois de juillet 2019 dans le cadre de cette deuxième phase, seront consacrées à l’entrepreneuriat, la maîtrise de l’énergie, les relations sociales et enfin l’amélioration de la productivité du secteur phosphatier.
A l’approche des élections, la troisième phase du projet Economy first de l’IACE abordera, sur les trois mois (août, septembre et octobre), des sujets liés aux programmes et visions des partis politiques relatifs à la réforme des secteurs de la santé, de l’éducation et du transport, les relations extérieures et le développement régional.