Tous chiffres déjà exposés montrent que les équilibres macroéconomiques restent encore loin à atteindre.
Néanmoins, des signes positifs pour l’économie tunisienne commencent à faire une apparition timide. Pour qu’ils soient confirmés, il faut prendre des décisions fortes et immédiates.
Reprendre la production des carburants
Tous nos problèmes de ressources en devises et de dépenses sont liés à la facture énergétique. La solution ne peut débuter que par un retour immédiat de la production du pétrole, du gaz et des phosphates. Cela permettra de réduire les importations, d’augmenter les exportations, d’alléger la pression sur la balance commerciale, de diminuer les dépenses de compensation et de soutenir le dinar.
Jusqu’au mois de mai 2019, les importations des phosphates et mines ont atteint 461,6 millions de dinars, face au recul des exportations de 14% à 613,6 millions de dinars.
Pour les énergies et lubrifiants, les importations ont été de 4,233 millions de dinars, soit un déficit de 3,132 milliards de dinars. Vous pouvez donc faire une petite simulation et conclure que le retour à la normale est une décision tout bénef !
Résoudre le problème des entreprises publiques
Le deuxième pas sera l’assainissement des entreprises publiques. Ces entreprises sont en train de bouffer les ressources du système bancaire et confisquent plus de 20% du refinancement de la BCT, soit plus de 3 milliards de dinars par an. Imaginez un tel allégement des pressions sur le système bancaire et la marge de manœuvre que pourraient avoir les établissements de crédits pour accorder des crédits destinés à la production et non au paiement des salaires.
Cela va impliquer des coûts à court terme car, dans l’état actuel de la majorité de ces entités, aucun partenariat ou vente ne peut être signé. Mais une fois ce processus d’assainissement soit achevé, les bonnes entreprises doivent être privatisées.
L’Etat aura plus de ressources pour fonctionner, réduisant ainsi son recours à l’endettement et allégeant la pression le marché des BTA. Les banques auront la possibilité d’accorder plus de ressources aux entreprises à des taux plus faibles car il n’y aura plus la concurrence de l’Etat.
Dans son dernier communiqué, le FMI a souligné que la marge de manœuvre de la Tunisie en matière de dépense publique est réduite. Les hausses salariales ont fait que l’amélioration des recettes n’est autre qu’un jeu à somme nul. Ainsi, il est impossible de réduire la pression fiscale sur les entreprises. Créer cette fenêtre d’action est obligatoire pour pouvoir sortir de la crise.
Economie tunisienne : la reprise nécessite du temps
Même si de telles décisions soient prises immédiatement, la reprise de l’économie tunisienne ne serait pas observée rapidement car nous allons continuer à vivre dans un contexte inflationniste. Les entreprises ne réagiraient pas instantanément à des signes positifs de l’économie tunisienne, matérialisée par une hausse de la demande pour leurs produits. Elles chercheraient à écouler d’abord leurs stocks et préfèreraient avoir la confirmation du caractère durable de la reprise avant d’investir.
Reste la question de la réduction de l’inflation. Cela doit passer avant tout par une maîtrise de l’inflation importée, et donc par une évolution plus contrôlée du dinar. Cela ne doit pas résulter d’une intervention des autorités monétaires, mais de l’amélioration des fondamentaux de l’économie.
En parallèle, une amélioration de la productivité globale et une répartition plus équitable de la richesse pourraient aussi nous faire gagner quelques points au niveau de l’inflation. Ce qui est sûr, c’est que retrouver un indice de prix de 4% ne serait pas possible avant 2022.
Une reprise économique est plus que possible. Il faut juste prendre les bonnes décisions et créer une confiance mutuelle entre une population déprimée et une équipe gouvernementale sous pression. C’est un exercice de longue haleine.