Le modèle économique tunisien est un modèle hybride, déclare Hédi Larbi, ancien ministre de l’Equipement, de l’aménagement et du développement durable, lors de son intervention dans le cadre d’une conférence-débat sur le thème : » Nouveau modèle économique ou comment créer la valeur par des valeurs », organisée par le Centre des jeunes dirigeants de Tunisie, aujourd’hui, 27 juin à Tunis.
Hédi Larbi a affirmé que pour parler de modèle économique il faut en premier lieu définir les rôles et responsabilités des différents acteurs. Dans le même contexte, il a considéré que cette question a été gérée par l’économie politique et non par la politique économique.
Par ailleurs, il a affirmé qu’il existe une certaine confusion entre modèle de développement et modèle de croissance alors qu’il s’agit de deux choses différentes. D’après lui, la croissance est restrictive, à savoir comment augmenter le PIB, la manière de le distribuer et par quels moyens, lance-t-il. Par contre, un modèle de développement économique est plus important « c’est comment améliorer les condition de vie de toute la population avec de la croissance tangible et intangible aussi bien l’éducation, la santé et l’accès aux services. » Pour cette raison, il préfère parler de développement économique et social.
Un modèle de développement économique c’est les règles à mettre en place pour allouer les ressources et produire le maximum de bien-être pour la population. Par ailleurs, il faut se poser la question quel est le rôle des différents acteurs.
Analysant la situation, l’intervenant a affirmé qu’en Tunisie personne n’a voulu aborder ou répondre à cette question, à savoir : » Quel est le rôle effectif de l’Etat ? ». » Depuis l’indépendance on nous a toujours dit que l’Etat doit tout faire alors que l’Etat ne peut pas tout faire », étaye-t-il. Cela a fait que la Tunisie ne vit pas une synergie entre la population, le gouvernement, la société civile et le secteur privé puisque l’Etat se charge de tout.
Quand l’Etat se charge de tout, cela crée la confusion d’où la légitimité de l’interrogation : Qui va s’occuper du secteur productif? En ce qui concerne la distribution de la richesse et de la croissance, de ce fait, il faut définir les rôles des partenaires sociaux. Sur un autre volet, il a pointé du doigt un problème de manque de gouvernance « . Nous dépensons là où il ne faut pas dépenser et nous ne dépensons pas là ou il faut dépenser », estime-t-il.
Tout en affirmant la nécessité de fournir une santé publique de qualité, une éducation de qualité et des services publiques de qualité, l’intervenant a indiqué que la véritable question est de savoir comment financer un service de qualité. Pour lui, le moyen de financement demeure très important. » On cite toujours le modèle scandinave mais on oublie que dans ces pays le citoyen reverse à l’Etat en impôts 60% de son salaire », lance-t-il.
A la fin de son intervention, Hédi Larbi affirme que l’Etat doit assurer son rôle protecteur, régulateur et doit aussi appliquer la loi. Il doit aussi laisser le secteur privé travailler.