Omar Besbes, expert-comptable associé au cabinet United Advisers, ex-chef de projet de la réforme fiscale auprès de Deloitte Tunisie, est revenu sur la nouvelle sortie de la Tunisie sur le marché financier international.
Dans une déclaration accordée à leconomistemaghrebin.com, Omar Besbes a rappelé que le ministre des finances et le gouverneur de le BCT sont partis en road show les deux dernières semaines. Et ce, avec leurs équipes pour lever des fonds sur le marché financier international. Et ils ont réussi à mobiliser un montant de 700 millions d’euros à des conditions meilleures que celles obtenues lors de la dernière sortie : rémunération à un taux de 6,375% contre 6,75% et une maturité de 7 ans contre 5 ans.
Le gouvernement s’est trouvé, selon ses dires, dans l’obligation de contracter cette dette. Et ce, pour rembourser d’autres dettes qui tombent à échéance en 2019 et en 2020. « On n’est jamais fier de s’endetter et beaucoup plus quand c’est pour payer d’anciennes dettes qu’on n’a pas pu honorer! », a t-il affirmé.
Et d’ajouter: « On a cherché la solution la plus facile. Mais la plus compromettante pour l’avenir. La croissance n’étant encore pas au rendez-vous. L’investissement étranger et local sont encore frileux malgré une bonne saison touristique et agricole. Dont les effets positifs ne seront ressentis qu’au dernier trimestre de 2019 si non le premier trimestre de 2020 ».
Par ailleurs, l’expert-comptable a indiqué que cette nouvelle dette aggrave le taux d’endettement public qui a atteint le niveau de 80%. Soit le double du niveau de l’endettement public enregistré en 2010 (41%). Un niveau jamais atteint par la Tunisie.
« Il faut penser à d’autres alternatives du financement »
En effet, M. Besbes a précisé qu’il faut absolument penser à d’autres alternatives pour le financement du budget de l’Etat. Il s’agit essentiellement:
- Le PPP qui n’arrive toujours pas à démarrer malgré la promulgation des textes nécessaires et l’engagement « affiché »par les différentes parties prenantes. Mais il parait que la résistance au changement a finit par prendre le dessus dans ce domaine;
- Les revenus de phosphates qui n’arrivent toujours pas à retrouver leurs niveaux d’avant la révolution, jusqu’à quand? Neuf ans sont déjà écoulés ! Il est temps que le gouvernement convient de décisions radicales avec ses partenaires à ce sujet;
- La lutte contre la corruption et le marché parallèle qui, au vue des résultats, s’avère trop timide et non efficace. 40% d’économie informelle, c’est là où il faut aller chercher l’argent. Nous avons été jusque-là sur des effets d’annonce bien médiatisés, beaucoup plus que sur un traitement en profondeur. Les équilibres politiques et les échéances proches ne le permettraient pas parait-il….