L’équipe du FMI vient de quitter Tunis après une nouvelle visite du 11 au 17 juillet. Une visite qui n’a pas fait beaucoup de bruit. Les conclusions n’ont pas réellement apporté quelque chose de nouveau.
Les représentants du FMI ont apprécié les politiques monétaire et budgétaire menées. Grâce à un taux directeur élevé, une décélération de la spirale inflationniste a été observée. Conjugué à un cadre réglementaire strict, marqué par un ratio dépôts/crédits à 120%, le volume du refinancement accordé aux banques a reculé durant le premier semestre. La Tunisie se trouve mieux armée. Et ce, pour réduire son déficit budgétaire qui reste une priorité absolue.
Mais ces avancées restent fragiles étant donné les risques extérieurs. Il ne faut pas oublier que la Tunisie est très vulnérable aux chocs extérieurs. Selon la dernière revue de Moody’s. Les facteurs les plus dangereux pour notre économie sont un prix de pétrole élevé, une baisse de la demande de nos partenaires européens et une forte appréciation du dinar. La tendance que ce dernier a suivie durant le dernier mois ne semble pas être une très bonne nouvelle puisqu’elle réduit les recettes en monnaie locale.
La même feuille de route pour les mêmes objectifs
Le FMI a réexposé la feuille de route de la période à venir: réduction des déficits budgétaires à 3,9% et extérieurs, poursuite de la lutte contre l’inflation, diminution de la dette publique et renforcement des transferts sociaux vers les personnes nécessiteuses.
Pour atteindre ces objectifs, il faudra améliorer davantage les recettes fiscales tout en se montrant efficient au niveau des dépenses. Là, le FMI a donné l’exemple du contrôle de la masse salariale et des subventions énergétiques. Sur le premier point, le jeu est joué depuis l’année dernière avec les augmentations salariales accordées et qui vont coûter selon nos calculs plus de 1 milliard de dinars (en brut).
Le gouvernement pourrait se défendre en avançant comme principal argument la préservation de la paix sociale. En même temps, il y aura donc du rattrapage sur le second point, à savoir l’augmentation des prix des carburants. Cette mesure reste purement inflationniste, ce qui explique l’appel du FMI à protéger les ménages les plus défavorisés.
L’équation à plusieurs inconnues que les autorités tunisiennes doivent résoudre reste extrêmement compliquée. Le redressement des indicateurs macroéconomiques se ferait au détriment du pouvoir d’achat des Tunisiens, ce qui rend ces mesures peu appréciées par une population irritée et qui plus est dans une année électorale. L’exécutif aura fort à faire d’ici l’attribution d’une nouvelle tranche de la ligne de crédit, dans trois mois.