Depuis la révolution et la chute de Ben Ali, les partis politiques se sont multipliés en Tunisie. Nidaa Tounes a été fondé, le 16 juin 2012, pour combattre la troïka et Ennahdha qui la dirige. Mais depuis lors, la scène politique tunisienne a connu de nombreuses recompositions.
D’ailleurs, « l’Union des contraires », Nidaa/Ennahdha, dépassa la formule de simples accointances. En mettant à l’ordre du jour une gouvernance dirigée par Ennahdha, qui affirma, sans convaincre, qu’elle se muait en parti civil.
Ainsi, la mise à l’épreuve de la mouvance moderniste progressiste explique les nombreuses scissions des dirigeants de Nidaa, d’ailleurs opposés à l’auto-direction proclamée. De ce fait, le jeu politique de ces groupuscules, sans assises politiques, caractérise la scène politique tunisienne. Sans parler de leurs combats acharnés à la recherche de sièges.
Le parti Tahya Tounes, formé par l’alliance gouvernementale, s’érigea en néo-Nidaa. Il fut rejoint par les ministres non-nahdhaouis et de nombreux membres de la hiérarchie, soucieux de garantir leurs privilèges. Sa direction ambitieuse ne réussit guère à intégrer les nouvelles recrues et à les mobiliser. Tenant compte des enjeux des citoyens et de leurs attentes, le chef du gouvernement, président du parti, s’est proposé de réaliser durant les trois mois, préélectoraux, ce qu’il n’a pas réussi durant les quatre ans de sa gouvernance.
Les citoyens estiment que les élections doivent traiter leurs problèmes
Ennahdha ne réussit guère à consolider son unité. Les dissensions au sein de sa direction révèlent une contestation de son président et une opposition à ses interventions, modifiant les listes des candidats, qu’ils ont établies collégialement. Voulaient-ils contrarier les velléités de se présenter aux élections parlementaires de leur président ? Egalement, « Jabha Chaabia », le Front populaire, subit l’épreuve de la dissension.
Les principaux partis réalisent qu’ils sont sérieusement concurrencés par le parti destourien « Au cœur de la Tunisie », créé par le directeur de la chaîne TV Nessma et le parti « 3Ich Tounsi ». L’ amendement de la loi électorale s’explique-t-il par la volonté d’écarter des concurrents, promus par le sondage ?
La faible participation aux élections municipales du Bardo, près de 11,6%, atteste la démarcation entre la classe politique et les citoyens. Confirme-t-elle le recul du parti Ennahdha ? Est-ce à dire que ce parti ne pourrait pas aspirer à plus de 6% des électeurs ? Tahya Tounes arrive à la 5ème position, après Ennahdha, Afek Tounes, Al Badil Ettounsi et Kolna Bardo. Fait grave, avec la victoire de 10 partis et l’absence de majorité, la municipalité serait ingouvernable.
Conclusion évidente, les citoyens se désintéressent de la guerre des partis politiques. Ils estiment que les élections doivent traiter leurs problèmes socioéconomiques.