Réalisé par One to One, le baromètre arabe dégage un pessimisme élevé chez les Tunisiens et un désir croissant de quitter le pays pour l’étranger. Zoom sur les résultats.
En effet, One to One a établi son baromètre arabe du 29 octobre au 4 décembre 2018. Il a ciblé les citoyens adultes âgés de 18 ans et plus. Ainsi les enquêteurs se sont mobilisés dans des milieux urbains et ruraux afin de réaliser 2400 interviews.
L’économie, priorité absolue des Tunisiens.
L’économie est perçue par les Tunisiens comme la première priorité du pays. D’ailleurs, la moitié des Tunisiens (48%) estiment que la situation économique est le plus grand défi auquel le pays est confronté. La question du terrorisme (13%) et de la corruption (12%) constituent les autres défis majeurs auxquels la Tunisie fait face.
En outre, les réponses des sondés révèlent, entre autres, une grande inquiétude face à la corruption. Neuf Tunisiens sur dix (90%) considèrent la corruption comme « très » ou « moyennement » répandue dans les institutions de l’État. Il est à noter également que la perception de la corruption a connu une augmentation de 21 points par rapport à 2011 et 2013.
Interrogé sur la nécessité de payer des pots-de- vin afin d’accéder à de meilleurs services publics notamment la santé et l’éducation, 47% es Tunisiens ont déclaré qu’il est « absolument nécessaire » ou « nécessaire » de verser des pots-de-vin à un agent public pour obtenir un meilleur service de santé. Alors que 49% des citoyens estiment qu’il n’est pas nécessaire de payer un pot-de-vin. En ce qui concerne l’éducation, 43% des citoyens ont déclaré qu’il est « absolument nécessaire » ou « nécessaire » de verser
des pots-de-vin à un agent public pour obtenir un meilleur service. Alors que 55% des Tunisiens le considèrent comme « pas nécessaire » ou « pas du tout nécessaire ».
Par ailleurs, la Tunisie se trouve dans une position assez confortable : elle est au huitième rang parmi les onze pays arabes, en termes de perception des citoyens de la nécessité de payer des pots-de-vin pour obtenir des services de santé (47%) et d’éducation (43%) meilleurs.
Le désir d’émigrer est toujours sur une courbe croissante
C’est ce que révèlent les résultats du baromètre. 33% des sondés pensent à émigrer. La plupart sont jeunes (18-29 ans), le taux passe à 56% chez cette cible et ceux ayant fait des études supérieures (51%). 73% des personnes souhaitant émigrer veulent partir pour des raisons économiques. L’Europe est la destination privilégiée (57%), suivie de l’Amérique du Nord avec un taux de 12%. La Tunisie est classée quatrième après le Soudan, la Jordanie, et le Maroc.
La confiance dans les institutions souveraines est bel et bien ébranlée
L’enquête a montré que la confiance dans les institutions souveraines était disparate, comme le montre le graphique. Les pourcentages de confiance (pourcentage de ceux qui ont « confiance » ou « totalement confiance ») sont comme suit : armée (90%), police (62%) et magistrature (48%).
La perception des libertés est en déclin
Les résultats du baromètre arabe montrent que la perception des libertés est en déclin : la liberté d’expression a diminué de 11 points par rapport à 2011 (77%). Cependant, elle reste la plus élevée en comparaison de la perception enregistrée dans les autres les pays couverts par l’étude. La perception de la liberté de protestation (48%) et d’association (50%) en 2018 est également plus faible que celle des années précédentes, surtout si on la compare à celle enregistrée en 2013. Par ailleurs, les chiffres affirment que l’intérêt des Tunisiens pour la politique a également diminué à 24%. En 2011, il était 36% et en 2013 46%.
Taux de stress et de dépression élevés en Tunisie
Les résultats ont montré que 53% des Tunisiens se sont sentis « plusieurs fois » ou « souvent » stressés. 40% des citoyens ont déclaré se sentir « plusieurs fois » ou « souvent » déprimés au cours des six mois précédant l’enquête. Le taux de stress chez les femmes (56%) et chez les 30 à 39 ans (62%) est le plus élevé. En termes de dépression, les pourcentages sont plus élevés chez les groupes d’âge (50 ans et plus) et chez les femmes (41%). Les résultats montrent également que, par rapport aux autres pays, la Tunisie se situe à la tête des pays arabes avec des taux de stress et de dépression élevés parmi les citoyens.