Le FMI a publié une note détaillée sur l’évolution de l’économie tunisienne pour la période allant jusqu’à 2024. L’institution financière reste optimiste malgré une année 2020 annoncée déjà comme difficile. Nous revenons sur les principaux chiffres avancés dans ce rapport.
Une croissance plafonnée à 4% : la croissance économique de la Tunisie n’atteindrait pas un rythme de croisière durant les cinq prochaines années. Le FMI estime que le PIB augmenterait seulement de 4% à l’horizon 2024. Soit le même niveau de 2023.
Cette cadence reste décevante et sous-entend que les drivers de l’économie tunisienne resteraient toujours les mêmes. A savoir l’agriculture, le tourisme et l’industrie extractive.
La mutation du modèle économique actuel vers un autre créateur de plus de valeur resterait toujours un chantier ouvert.
FMI: une tendance baissière pour l’inflation
L’inflation moyenne en 2019 est estimée à 7,2%, un niveau évidemment élevé. La tendance pour les années à venir est plutôt positive, avec un recul significatif en 2020-21. Soit respectivement 5,9% et 4,5%. En 2024, l’indice des prix s’établirait, en moyenne, à 4%. Nous retrouvons ainsi des niveaux plus soutenables.
Toutefois, ces estimations semblent en contradiction avec la levée progressive des subventions énergétiques et probablement celle relative à certaines denrées de première nécessité. De plus, cela suppose que le dinar ne connaîtrait pas de fortes dépréciations. Ce qui est loin d’être garanti.
Un recul en douceur de l’endettement
Le traitement de l’endettement de l’Etat s’est transformé en une priorité pour le FMI. Lors des deux dernières visites, les experts de l’institution insistent sur la nécessité de préparer le terrain pour faire baisser la dette. Et ce, avant qu’elle n’atteigne des seuils critiques.
Le FMI table sur une nouvelle hausse de la dette publique à 84,7% du PIB, avant de commencer un atterrissage en douceur. Le rythme devrait s’accélérer à partir de 2022. Le ratio de la dette passerait sous la barre des 70%, pour la première fois depuis 2016, en 2024 à 68,7%.
Une dette externe toujours élevée
La baisse de la dette souveraine proviendrait essentiellement de celle interne. Cette dernière passerait à 11,5% du PIB en 2024 contre 19% actuellement. La dette externe représenterait 57,2% du PIB contre 64,1% en 2019. La dette globale de l’économie tunisienne dépasserait le PIB en 2019 et s’établirait à 104,5%. Une hausse est également prévue pour 2020 (107,8%). Une diminution serait ensuite observée pour repasser sous la barre de 100% en 2023. Pour 2024, la dette tunisienne globale serait à un ratio de 91%.
Un déficit de la balance courante à un seul chiffre
Depuis 2016, la Tunisie connait une aggravation inédite de sa balance courante, avec un déficit qui a atteint 11,2% du PIB en 2018. La tendance commencerait à s’inverser dès cette année. Il serait pratiquement divisé par deux en 2024 à -5,8%, une grande avancée en termes d’équilibre macroéconomique.
Les exportations, qui sont attendues à stagner en 2019, devraient reprendre le chemin de croissance dès 2020. En volume, elles atteindraient 19,503 milliards de dollars dans cinq ans. Cela traduit une croissance annuelle modeste, avec un rythme de 5,2% en 2024.
En parallèle, les importations devraient évoluer plus lentement, soit 3,3% en 2024. A cette date, le total des importations devraient s’établir à 24,384 milliards de dollars.
Des réserves en devises plus importantes
Nous avons terminé l’année dernière avec des réserves en devises de 5,2 milliards de dollars, soit 2,8 mois de jours d’importations. Avec l’amélioration des exportations et la réduction de l’endettement, ces réserves seraient de 8,9 milliards de dollars en 2024. Soit une couverture des importations de 3,9 mois (117 jours).
Mais ces calculs ont été faits avec quel taux de change ? C’est la grande question qui reste sans réponse. Toutes les données qui peuvent donner une idée sur la parité TND/USD n’ont pas été fournies, afin d’éviter toute spéculation.