La Tunisie célèbre le 62ème anniversaire de la République, aujourd’hui 25 juillet. Dans son acception globale, privilégiée par la Tunisie, outre qu’elle est fondée sur la souveraineté du peuple et la communauté des citoyens, la République enrichit l’égalité politique par l’égalité sociale des droits du citoyen. Ce qui implique la généralisation de l’école comme ascenseur social. Outre le développement général de la santé et la promotion de l’ensemble des citoyens.
La République fait valoir, dans une large mesure, « la liberté, plus la raison. L’Etat de droit, plus la justice. La tolérance, plus la volonté » (Régis Debray – Etes-vous démocrate ou républicain ? 1995).
Ainsi définie, la République tunisienne fut le couronnement d’une évolution de la pensée politique, de l’ère des réformes du XIXe siècle, à nos jours.
Le Pacte fondamental de 1857 avait établi l’égalité des Droits et le Qanoun de 1861, première Constitution dans l’aire arabe. Fût-elle ambiguë, sinon approximative et sans praxis électorale, la Constitution fit valoir une ambition populaire et suscita la revendication nationaliste, du Destour de 1920 et du Néo-Destour qui lui succéda.
Sous la direction du leader Habib Bourguiba, la mobilisation des composantes populaires, dans la lutte nationale, les érigea comme acteurs politiques. L’indépendance nationale mit en œuvre la décolonisation et assura le renouvellement de la classe politique, écartant les privilégiés du « pouvoir makhzen ».
La proclamation de la République, en 1957, traduit cette promotion dans les faits. Les sujets du bey s’érigent désormais en citoyens. La caste nobiliaire de la famille princière perd ses privilèges et rejoint « le tiers- Etat ». La cérémonie du baisemain, supprimée par le bey populaire Moncef et rétablie par son successeur, fut abolie.
L’institution de la scolarité obligatoire par le gouvernement national, érige l’école, le lycée et la faculté en ascenseurs sociaux, transgressant les inégalités d’antan. La mise en œuvre des programmes de développement social attestent cette volonté de promotion globale.
Bien entendu, la proclamation de la République tunisienne doit être mise dans sa conjoncture historique. Elle eut lieu, dans le contexte tiers-mondiste, faisant valoir le développement sur la démocratisation formelle. Qu’il nous suffise de rappeler le Nassérisme, le Boumedyénisme, le Baâth en Syrie et en Irak. N’ont-ils pas opté pour le système du parti unique, selon le modèle communiste stalinien, défendu d’ailleurs par leurs partisans du tiers-monde ?
La révolution tunisienne a repris le flambeau et corrigé le tir
La révolution tunisienne a repris le flambeau et corrigé le tir. Elle fait valoir la promotion citoyenne statutaire post-indépendance et parachève l’application du processus républicain, dans sa praxis institutionnelle et sa vision sociale. Priorités actuelles évidentes, le traitement des attentes, le respect de la praxis égalitaire et démocratique et la promotion de la souveraineté nationale, confortée par l’ouverture des horizons.
Ne se limitant guère au processus électoral, qui reste fondamental, la République s’exerce par des institutions, que l’ARP tarde à finaliser. Or, les institutions constitutionnelles permettent de se préserver des dérives. Puisqu’elles ont comme fonction de contrôler la régularité de l’exercice du pouvoir et des décisions qu’il prend, en accordant des droits à l’opposition. Dans un contexte tout à fait différent, au XIXe siècle, Tocqueville mettra en garde contre les risques d’une tyrannie de la majorité. Ou de l’incompétence qui, sous l’effet de la « passion de l’égalité », fait courir à la démocratie des risques contraires aux raisons qui ont conduit à son avènement. Prenons acte.