L’article paru dans The Independent a publié un article intitulé : « Tunisia is a shining example of democracy in a world hellbent on backsliding into chaos – why is the West ignoring it?« . L’article s’interroge sur les raisons du manque de soutien des pays occidentaux, notamment l’Amérique envers l’exception démocratique tunisienne.
Borzou Daragahi, le correspondant international de The Independent se félicite de l’exception démocratique tunisienne. Il insiste sur le fait que la Tunisie démontre que les pays arabes peuvent être gérés par des régimes démocratiques.
« Ce pays méditerranéen de 10 millions de personnes se situant entre la Libye et l’Algérie contredit les sceptiques du Moyen-Orient et leurs partenaires occidentaux qui insistent sur le fait que les Arabes ne peuvent pas gérer des modèles non-autoritaires. »
La Tunisie, une transition du pouvoir dans le calme et la sérénité
Après le décès du Président Béji Caïd Essebsi, beaucoup avaient prédit que le pays tomberait dans le chaos. Tel n’a pas été le cas.
« Malgré le vide du pouvoir, les forces armées tunisiennes et les politiciens n’ont pas tenté de prendre le contrôle de la situation. Les investisseurs, diplomates ou analystes ne s’étaient pas non plus inquiétés que le pays se précipite dans le chaos.
Mohamed Ennaceur, le président du parlement, a discrètement assumé le rôle de chef de l’Etat par intérim, comme le stipule la Constitution de 2014 approuvée par le premier parlement élu démocratiquement du pays.
Mais contrairement aux monarchies héréditaires de la péninsule arabique, si amicales avec les autorités américaines et européennes, le prochain dirigeant tunisien ne sera pas déterminé par sa lignée mais par des élections prévues le 15 septembre. Ce jour-là des élections libres et équitables se tiendront et les citoyens tunisiens choisiront un successeur. »
Tne Independent : le pays mérite plus d’attention et de soutien international
Pourtant, le journaliste se demande pourquoi les Occidentaux ne soutiennent pas davantage ce petit pays qui fait exception. Au contraire, au lieu de l’aider, ce dernier subit plusieurs pressions de toutes parts. Comme celles « du FMI pour qu’il adopte des mesures d’austérité et de réduction des coûts » et celles de l’Europe « qui tente de contraindre le pays à signer un pacte de libre-échange qui pourrait dévaster le secteur agricole du pays, déjà en difficulté ».
« La Tunisie représente un exemple rare de nation arabe cherchant véritablement à devenir démocratique et pluraliste. Cela rend d’autant plus déconcertant que les puissances occidentales ne fassent pas plus pour soutenir son expérience. »
La Tunisie, une source d’inspiration pour les autres pays !
Sarah Yerkes, ancienne responsable du département d’État américain et responsable au Pentagone, désormais spécialiste de l’Afrique du Nord auprès du Carnegie Endowment for International Peace a confié à The independant : « Nous constatons constamment des tentatives de réduction de l’aide ou de saper le soutien des Etats-Unis. L’administration du président américain Donald Trump, en particulier, a constamment essayé de réduire le soutien financier à la Tunisie en dépit des difficultés économiques qui menacent son expérience démocratique. Jusqu’à présent, le Congrès a résisté aux tentatives déconcertantes de la Maison-Blanche de sabrer l’aide à un pays qui, non seulement s’achemine diligemment vers la démocratie, est également un partenaire dans la bataille contre Isis. »
De plus, les déclarations d’Andrew Miller, un ancien membre du personnel de la Maison Blanche et directeur adjoint du projet sur la démocratie au Moyen-Orient appuient ce constat: « Les sommes accordées à la Tunisie sont dérisoires comparées aux autres bénéficiaires de l’aide américaine. La Tunisie représente une réussite extrêmement rare qui mérite un solide appui diplomatique et financier. Les Tunisiens sont très protecteurs de leur expérience et je pense qu’ils sont une source d’inspiration. »
Enfin, d’après le journaliste le pays mérite plus d’attention et de soutien international. « Il a fait des progrès démocratiques énormes dans un monde où nous assistons à une formidable régression démocratique », conclut Sarah Yerkes dans l’article.