Des mosquées et des armes, on a bien vu les conséquences. Mais qu’a-t-on vraiment fait pour que ça n’arrive plus ? Ce n’est sans doute pas demain qu’on aura des lieux de culte clean et définitivement débarrassés de la gangrène salafiste-takfiriste.
Pourtant, Ahmed Adhoum, ministre des Affaires religieuses, fait tout pour nous convaincre du contraire. Sauf que ce n’est pas en nous martelant matin et soir que toutes les mosquées du pays sont sous contrôle, qu’on va le croire.
Pour qui connaît les dessus et les dessous qui ont accompagnés l’éviction de son prédécesseur, Othman Batikh, aujourd’hui Mufti de la République, les assurances de M. Adhoum ne résistent pas à la réalité des faits qui eux ne mentent pas.
Depuis plus de huit ans que les Nahdhaouis et leurs affidés en sous-main, mènent ce pays en bateau sans que personne ne soit inquiété…
Le vrai pouvoir ne s’acquiert pas en soulevant des poids ou en ayant un grand bureau. Le vrai pouvoir, c’est une vague qui déferle, un glissement de terrain qui va tout changer.
Un commentaire du Washington Post livré au lendemain de la victoire américaine en finale de la Coupe du monde féminine de football qui vient de se dérouler en France, qui m’est tout de suite venue à l’esprit, alors que la violente polémique suscitée par la circulaire gouvernementale interdisant désormais le port du niqab dans les établissements publics fait rage. Et ce, tout un monde entre ici et là-bas qui nous ramène à notre vécu.
Pendant un moment, on a même parlé d’annulation au nom du respect du droit des femmes de s’habiller comme bon leur semble. En fait, pour obtempérer aux ordres de ceux qui envoient un Adel Almi au charbon pour souffler le chaud… un comité de défense des femmes voilées, quelle affaire !
Un comité de ce type, vous connaissez, vous ? Comme si on voulait dire, à chaque fois que la religion s’invite, qu’il est interdit d’interdire ce qu’Allah a fait obligation. Alors, coup d’épée dans l’eau une circulaire jugée scélérate, ou sérieux ne pas s’abstenir ?
Et puis, on peut toujours se demander : pour combien de temps, l’argument sécuritaire avancé par la Kasbah va-t-il tenir face aux assauts répétés des pourfendeurs de la circulaire qui ne vont pas manquer de redoubler d’intensité ? N’aurait-il pas mieux valu appréhender autrement l’interdiction ?
En effet, le changement se fait dans la société et aussi au niveau des lois. car ces dernières éduquent la société. M. Ahmed Adhoum est un homme extraordinaire et j’ai entièrement confiance en lui. Il est lucide et aime son pays et son peuple. Il fera de son mieux et je dirais même que ne pourrons pas trouver mieux que lui à ce poste. Mais le problème est ailleurs; où en est-on de l’éducation et de la culture? Avant les femmes rêvaient de leur autonomie économique et à présent elles rêvent d’être l’épouse de M. X et d’être la mère de ses enfants! C’est là où le bas blesse, comme on dit! Nos jeunes rêvent d’être des femmes soumises et dociles, obéissantes à leurs maris. Avant la femme tunisienne rêvait de son avenir et non pas de celui de son mari. Que s’est-il passé? Ce ne sont pas les mosquées les plus dangereuses, ce sont les programmes d’éducation qui sont défaillants et qui ont transformé la vision de la femme. Ce sont les programmes de télévision vidés de leurs sens éducatifs, ce sont les séries télévisées qui montrent des femmes soumises comme modéles à suivre, etc. Les jeunes se font man$ipulet et n’ont pas une culture et un enseignement solides pour les aider à voir clair. En effet, vous avez raison, il y a un grave problème dans notre société, et M. Adhoum a aussi raison car le problème n’est pas au niveau de la mosquée. Il est au niveau des programmes de collège, de lycée et surtout de la télévision, le seul objet de distraction et de culture accessible à tous.