Une première en Tunisie : un artiste-plasticien dépose sa candidature à la Présidentielle. Zoom sur la candidature de Abdelhamid Ammar.
C’est de l’artiste plasticien Abdelhamid Ammar dont il s’agit. Illustre inconnu, jusqu’à la publication de sa photo sur les réseaux sociaux. Et ce, lors des funérailles de l’ancien président de la République Béji Caïd Essebsi. Cet artiste aspire à participer à la présidentielle. Et cette candidature interpelle à plus d’un titre.
D’abord, qu’un artiste présente sa candidature à la Présidentielle est un fait inédit en Tunisie. Car en Tunisie, l’image de l’intellectuel et/ou de l’artiste est souvent associée au monde de la Culture, des arts et de l’engagement.
D’ailleurs, qui pourrait imaginer qu’a l’époque de Ben Ali ou de Bourguiba un artiste ose se présenter à la Présidentielle?
Cependant, rappelons que trois artistes et écrivains ont fait partie des gouvernements post-révolutionnaires. Ce sont : le compositeur Jaloul Ayed (ministre des Finances); Mourad Sakli, luthiste et professeur de musique (ministre des Affaires culturelles); et Hakim Ben Hamouda critique de cinéma et écrivain (ministre des Finances). Mais jamais à ce jour, un artiste n’a osé se présenter à la Présidentielle.
La Culture est le parent pauvre de la politique
Ensuite, qu’un artiste accède à la magistrature suprême pourrait changer la perception des Tunisiens de l’institution de la Présidence de la République.
En effet, souvent perçue comme une institution officielle et très sérieuse, l’élection d’un artiste à sa tête, inciterait à repenser la Culture et les arts autrement. Etant donné que le Président de la République est lui-même artiste.
Car, un constat amer s’impose : la culture est malheureusement, le parent pauvre des politiciens. D’ailleurs, rares sont les candidats aux législatives et à la Présidentielle qui ont présenté une vision globale pour l’avenir de la Culture et des arts en Tunisie.
Enfin, comme les ponts sont coupés entre les Tunisiens et les artistes, ce tapage médiatique autour de l’artiste plasticien Abdelhamid Ammar rouvrirait le débat sur la situation matérielle de l’artiste. L’artiste plasticien Abdelhamid Ammar, barbe mal rasée, déambulant dans les rues de la Médina, ses affaires dans son baluchon, est une piste qui pourrait ouvrir le débat sur la condition de quelques artistes en Tunisie et leur mode de vie.