Le 13 août : les femmes tunisiennes font preuve de détermination. Bien conscientes qu’en Tunisie, les libertés individuelles et l’égalité demeurent plus que jamais un sujet d’actualité dans la société. De sorte que faire bouger les lignes est un premier pas en avant. A l’heure où on parle du 13 août, les inégalités persistent encore, telle celle dans l’héritage.
Nihel Ben Amar, vice-maire de l’Ariana nous en parle. Pour elle, la parité n’est pas inscrite dans la loi. Citant l’exemple de la nouvelle composition masculine au sein de l’ISIE. La seule femme de l’instance, ses huit confrères n’ont pas daigné la nommer vice-présidente porteurs qu’ils devraient être des valeurs de la Constitution et s’alignant sur le code des collectivités locales.
Nihel Ben Amar : « Les nominations aux postes de commis de l’état restent masculines »
Elle précise : « Le gouvernement et la classe politique se sont mobilisés pour pondre un amendement de la loi électorale pour barrer la route à des concurrents (on peut en penser ce qu’on veut). Mais ils n’ont pas trouvé ce même engouement à corriger celle ci et instaurer la parité sur la tête de liste électorale. Les nominations aux postes de commis de l’état (au gouvernement et autres …) restent masculines. »
Elle ajoute : “Last but not least quand, à l’initiative de BCE paix à son âme, la Colibe préparait un projet de loi pour asseoir et promouvoir les libertés individuelles et l’égalité entre les citoyens dans les textes de lois, la pousse politique de BCE ne porta pas ce projet et l’enterra pour des raisons électoralistes. Alors Mesdames, Messieurs les féministes, vous savez ce qui vous reste à faire! Le combat pour les réformes politiques par la LOI, le reste est littérature. Et à la veille des élections mon message à tous est de ne plus entendre a priori les promesses d’égalité et d’équité, ماهو كان جاء « صادق » راهو من البارح ».
Soixante-trois ans après du code du statut personnel, les acquis de la femme sont les mêmes aussi bien dans la première Constitution du temps de Bourguiba, ou encore celle du 27 janvier 2014. Plus de huit ans après la révolution, une grande avancée vient de tomber dans l’escarcelle du Code du statut personnel : l’égalité dans l’héritage. Une proposition annoncée par le défunt président de la République, Béji Caïd Essebsi. Quelques jours après sa mort, la Tunisie est sous le feu des projecteurs aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale.
Neila Charchour, militante de la société civile rappelle qu’en cette journée le 13 août 2019 jour de la Fête de la Femme tunisienne, quel père n’est-il pas fier de sa fille médecin ? Quel frère n’est-il pas fier de sa sœur avocate ? Quel époux n’est-il pas fier de son épouse professeur universitaire ? Et même celles qui n’ont pas eu la possibilité d’arracher un diplôme, ne sont pas passives. Elles sont ouvrières agricoles ou industrielles et artisanes, dans toutes sortes de spécialités. Toutes participent au budget de leur foyer et à ce titre se font respecter au sein de leur famille et de la société.
Elle ajoute : « Des femmes qui pensent, qui agissent, qui éduquent, qui votent et qui participent par conséquent à l’ancrage démocratique. Aucune démocratie ne peut voir le jour sans la participation de la moitié de la société. »
Et oui, mais en matière d’ambitions et de revendications des femmes tunisiennes, la réalité est tout autre, rappelle Alya Baccouche, militante de la société civile. Selon elle, ce qui manque c’est la participation des femmes dans le paysage politique. Elle souligne que les femmes devraient être plus nombreuses au sein des partis. Elles devraient se présenter aux élections des bureaux locaux et régionaux, aux élections des instances nationales… Pour que leur investiture se fasse le plus naturellement du monde.
Elle ajoute : « Pour moi, le 13 août c’est la Fête de la femme tunisienne. Et ce n’est pas un seul jour, mais les 365 jours de l’année. La question de l’égalité dans l’héritage, j’espère qu’elle verra le jour. »
Enfin, son message aux femmes est d’être solidaires. « Soyons unies. Et soyons une force », conclut-elle.