« La Ziara » de Sami Lajmi revient au Festival international de Carthage (FIC) avec du nouveau. Dans le spectacle présenté, lundi soir, en cette 55ème édition du Festival, l’image est plus dense. Les couleurs changent et la fusion est beaucoup plus prononcée.
Le répertoire de départ de la Ziara sur lequel a travaillé l’auteur en 2013, faisant sa première au Festival international de Carthage, s’est beaucoup développé, cherchant du côté d’autres confréries du nord au sud du pays.
Lors d’un point de presse, Sami Lajmi est revenu sur les débuts de la Ziara. Il affirme continuer « la recherche sur de nouveaux textes, sur de nouvelles confréries ».
Son producteur Mohamed Boudhina parle d’un spectacle qui « se joue toujours à guichets fermés ». Ce qui est le cas cette fois-ci aussi. En effet, la Ziara affichait complet, à trois semaines de sa représentation à Carthage.
Ainsi, ils sont plus d’une centaine sur scène. Une présence impressionnante d’instruments de percussion, les étendards-Snajek- drapent l’ensemble. Les Mounchidyns imposent une ambiance ou le sacré et le profane se rencontrent dans un mystérieux mélange. L’architecture de base est pourtant là. Celle qui a conquis le cœur des Tunisiens et a fait que ce spectacle de musique soufie et cette fresque de l’univers confrérique affiche complet à chaque représentation atteignant des chiffres records.
Par ailleurs, volet musique, il y a eu un travail sur la puissance, les vibrations, l’enveloppement. Sous l’effet des voix masculines des chanteurs et les sonorités des bendirs, les corps se balancent, frémissent, se déchaînent. Les sons pénètrent les corps, rythmes les pulsations du cœur et touchent les centres nerveux.
C’est une musique physique capable de manier esprits et corps. Les rythmes secouent les corps dont certains entrent en transe. Et rien que sur ce plan là, la Ziara est arrivée à faire une proposition musicale qui ne lâche pas la tradition, mais la développe en spectacle.
En outre, côté mise en scène, les choses ont énormément évolué. La maîtrise du travail et l’exercice répété du spectacle ont rendu les libertés encore plus faciles. L’exécution musicale se place comme une plateforme et sur la scène les chanteurs solistes comme Mohamed Ali Chebil et Mounir Troudi, le chœur et quelques personnages étouffent cette bulle musicale. Une belle mise en scène qui s’offre au spectateur à travers des danses, des écharpes, des femmes avec des couffins de Ziara, la visite de la mariée au marabout, la fête de la circoncision…
La recherche de la bénédiction et de la protection du saint est certes une étape essentielle dans la vie communautaire. Mais la Ziara est aussi, un moment de fête profane, une installation d’un pont entre le sacré et l’usuel, entre le spirituel et le terrestre.