La nouvelle vient de tomber hier : le taux de croissance économique de la Tunisie pour le deuxième trimestre s’est établi à 1,2% en rythme annuel.
Par rapport au premier trimestre, la croissance s’est relativement accélérée signant une hausse de 0,5%. Sur l’ensemble du premier trimestre, le PIB s’est accru de 1,1%.
Des secteurs phares en manque de carburant
Le rythme reste donc encore faible. Les réalisations du deuxième trimestre ont été plombées par la contre performance des industries non manufacturières. La valeur ajoutée de cette industrie a reculé de 2,6% en rythme annuel et de 0,8% en rythme séquentiel. Il s’agit de la troisième baisse consécutive et la neuvième sur les dix derniers trimestres.
En effet, l’absence d’une vraie reprise de l’extraction des phosphates (une amélioration de 8,8% seulement en rythme annuel) et la chute libre de la production des hydrocarbures ont lourdement pesé sur l’économie. La Tunisie produit 36 100 barils de pétrole par jour contre plus de 70 000 en 2010. Un autre secteur s’est rétracté, à savoir la production du sel qui a reculé de 25%.
L’autre moteur défaillant de l’économie tunisienne n’est autre que l’industrie manufacturière. Celle-ci a signé une quatrième baisse consécutive en rythme trimestriel (-0.2%). Cette tendance est largement causée par le déclin des industries chimiques (-8,2%), conséquence logique de ce qui se passe côté production des phosphates.
Les difficultés ont touché d’autres secteurs comme celui du textile, de l’habillement, du cuir et des chaussures qui affiché une réduction de valeur ajoutée de 1,6%. L’amélioration enregistrée au niveau des matériaux de construction et de la céramique (+2,2%) et dans l’agroalimentaire (+1,8%) n’a pas été suffisante pour équilibrer les comptes. Le vrai moteur des industries manufacturières reste la production des articles électriques et électroniques. Toutefois, il n’a progressé que de 0,1%.
Le tourisme sauve la mise
Les secteurs qui ont bien performé au cours de ce deuxième trimestre sont les services marchands et l’agriculture. La bonne saison touristique s’est reflétée par une croissance de 7,1% dans le secteur de l’hôtellerie, des restaurants et des cafés. La saison exceptionnelle des céréales a boosté les chiffres de l’agriculture (+2,8%). C’est une bonne reprise après un premier trimestre difficile vu la modeste saison oléicole.
La clé de l’amélioration de notre croissance à court terme est évidente : redémarrer la production des phosphates et du pétrole. Pour rappel, les subventions des hydrocarbures nous ont coûté, sur le premier trimestre, 1,690 milliards de dinars, soit un milliard de plus par rapport à 2018. Pour ce qui est de l’industrie manufacturière, les choses sont un peu plus compliquées. Son évolution dépend de la demande de nos partenaires européens, fébrile pour le moment. Retrouver de nouveaux marchés ne peut pas se faire du jour au lendemain.
Il faut maintenant suivre ce que les partis politiques vont nous proposer pour le prochain quinquennat. Bien que leurs antécédents fassent que ces promesses ne soient pas tenues, elles serviront au moins à voir si ces politiciens ont vraiment compris nos problèmes.