Malgré la clôture samedi 17 août de la 55ème édition du Festival international d’Hammamet, la chanteuse algérienne Souad Massi a joué quand-même, hier, au théâtre de plein-air de Hammamet à guichets fermés, avec des gradins archicombles.
L’artiste, qui avait pourtant terminé sa tournée européenne, a tenu à revenir à Hammamet à la rencontre de son public. Et ce après l’annulation de la première date prévue à cause du deuil national décrété, suite au décès du président Béji Caïd Essebsi.
Son concert hier, au grand bonheur de ses fans venus nombreux pour admirer cette chanteuse à la voix suave, chaude et mélodieuse, à l’accent arabo-andalous et portant en bandoulière sa guitare, a envoûté l’auditoire.
Sur une scène épurée, un triptyque composé de trois chaises autour desquelles gravitent les instruments sur leurs supports, forme l’essentiel du groupe. Dès les premières notes, la voix envoûtante de la chanteuse chavire l’âme des spectateurs. On entre peu à peu dans l’univers de Souad Massi tissé de mélodies le plus souvent mélancoliques et de textes en dialecte algérois et en arabe dont l’interprétation poignante révèle son sens humain.
Dans ce concert où le percussionniste Rabah Khalfa faisait écho au guitariste prodige, Mehdi Dalil, Souad Massi fait vibrer un public emballé. La voix de la chanteuse est soulignée par moments par celle plus grave du percussionniste. L’accompagnement à la guitare ourle à merveille les paroles de Souad Massi. Et l’on ressent alors en soi enfler une indicible mélancolie teintée à la fois d’espoir et de joie.
En effet, cette chanteuse Kabyle, qui, depuis plus de vingt ans, portée par une détermination sans faille pour ses valeurs de liberté et de justice, a interprété ses chansons empreintes d’amour, d’altruisme et de courage, autant de témoignages contre la haine de l’autre et l’intolérance. Massi, qui écrit souvent ses propres textes, a interprété différentes chansons de ses six albums alliant entre le folklore algérien, le flamenco, le reggae, le rock et la musique arabo-andalouse dont « Dardeji », qui évoque la musique Chaâbi du cheikh El Onqa, Ankis et Al Zahi, ou encore ses autres titres phares à l’instar de « Yemma », « Kilyoum », « Amessa », « Deb », « Hayeti », « Talit El abir », « Ya Kalbi », « Ayna », « Ghir inta », « Khallouni », « Ya wildi », Raoui », et « Nawsik ».
Elle mélange les genres en mariant, avec une musique métissée où le « folk rock algérien » croise des musiques traditionnelles algériennes, africaines, voire de la bossa nova. Les musiciens ont improvisé un duel percussions-cordes de plusieurs minutes, devant une Souad Massi, médusée et un public impressionné.
Ce fut un concert lesté des rythmes chaloupés d’Afrique du nord et chargé de tendres émotions avec un public accroché aux gradins qui applaudissait à tout rompre.