Vous ne pouvez le rater, le café du marché municipal de Kélibia, situé à l’intersection de l’Avenue Mongi Ben Hmida – illustre enfant du pays – et de l’Avenue des martyrs, est un lieu de vie.
« Le café existe bien avant que je sois né », assure notre chauffeur de taxi, qui dit avoir vu le jour au tout début des années quatre-vingt du siècle dernier. Casquette couleur crème et tee-shirt noir, il promène sa silhouette dans toutes les artères de la ville de Kélibia, abondamment visitée en cet été 2019.
Chaque jour que Dieu fait, notre taximan n’oublie jamais, dès les premières heures du jour, d’aller prendre son café filtre au café du marché municipal de cette ville située à la pointe du Cap Bon. « Un café qui a disparu aujourd’hui dans les grandes agglomérations du pays », souligne-t-il, avec un large sourire. Et en plus à un prix imbattable : « Autour de 500 millimes ».
Un point de rencontre
Situé quasiment à l’intersection de l’Avenue Mongi Ben Hmida, célèbre neurologue, natif de la ville de Kélibia, dont il a été maire, et de l’Avenue des martyrs et à quelques encablures du cimetière de Sidi Ali Nouali, le café du marché municipal est « un point de rencontre pour tous ceux qui vivent ou passent un moment par-là », assure le garçon de café qui en cette journée du mois d’août a bien du pain sur la planche. « Un lieu de vie ».
Le nombre de clients est tellement important que certains attendent que d’autres clients partent pour s’asseoir à la terrasse. Il n’est pas rare, à ce propos, que des clients –sans doute las d’attendre- saisissent un tabouret ou encore une chaise plantée dans l’un des deux énormes arbres de la terrasse sans recourir à une table pour poser leur breuvage comment le fait tout le monde.
Le décor rappelle du reste celui d’un temps révolu : des tables et des chaises en formica de couleur bleu qui ont élu domicile sur une large terrasse faite de carreaux de trottoir rosâtres. Des carreaux disparus par endroits et remplacés par une épaisse couche de ciment.
Le feuillage des arbres est tellement épais qu’il sert de parasol naturel aux clients qui, saison estivale oblige, portent des tenues bien décontractées : shorts, jeans ou encore pantacourts. On y rencontre souvent des personnes jouant aux cartes à l’abri d’un soleil brûlant.
Le même spectacle peut être observé à l’intérieur de la salle du café, quelque trente mètres carrés, peinte totalement en bleu et composée de quatre larges fenêtres donnant sur la terrasse du café.
Un employé se place derrière un petit comptoir sur lequel trône une machine préparant les expresso, capucins et autres directs et à proximité d’une plaque de cuisson fonctionnant au gaz pour le thé et d’une machine pour le café filtre.
« Nous sommes ouverts 24 h/24 »
Dehors, nombre d’habitués discutent de tout et de rien. Et beaucoup viennent aux nouvelles dans une ville où pratiquement tout le monde connaît tout le monde. Certains du reste arrivent à donner chair et esprit à des personnages.
Comme ce client venu raconter, à une table voisine, l’histoire d’un jeune homme d’El Haouaria, ville située à une vingtaine de kilomètres de Kélibia, qui a quitté clandestinement le pays il y a une dizaine d’années en direction de l’Italie voisine (environ 80 kilomètres) et être revenu avec une belle voiture, femme et enfants. Mais que personne ne connaît parmi l’assistance.
Le café du marché municipal ne ferme pas le soir. « Nous sommes ouverts 24 h/24 heures », précise le garçon de café. Sa terrasse est illuminée le soir par de grosses ampoules accrochées aux arbres qui partent de la salle du café.
Adossé au marché municipal, l’ouverture de ce café remonte à 1974. En même temps que l’inauguration du marché, présidée par le leader Habib Bourguiba, en visite à Kélibia.