Avec la reprise du dinar tunisien par rapport aux principales devises internationales, l’espoir est revenu quant à la possibilité de voir les prix de quelques produits importés baisser, essentiellement les voitures. Les concessionnaires automobiles, qui ont souffert durant les dernières années, auraient-ils la possibilité de voir la renaissance de leur business ?
Nous allons analyser les chiffres des concessionnaires cotés à la Bourse de Tunis pour le premier semestre 2019 (S1 19) pour en savoir plus.
Moins de revenus et moins de marge
Pour le deuxième trimestre de l’année (T2 19), les ventes des concessionnaires (UADH, Ennakl, City Cars et ARTES) ont reculé de 11% à 276,039 millions de dinars. Sur le S1 19, le chiffre d’affaires de ce groupe a perdu 5,3% à 506,823 millions de dinars. Il est encore tôt de juger l’exercice car les revenus dépendent de l’arrivée des commandes, mais l’année serait marquée par une baisse des volumes, sauf surprise.
Etant donné l’état général de l’économie tunisienne, nous pouvons confirmer que le secteur est parvenu à tirer son épingle du jeu. Mais côté profitabilité, ce n’est pas nécessairement le cas.
En fait, les marges se sont effritées de nouveau. La marge brute du T2 est passée de 51,760 millions de dinars en 2018 à 38,314 millions de dinars en 2019, une chute de 25,9% en rythme annuel.
En pourcentage, la marge brute est passée de 20,03% au T2 18 à 16,12% au T2 19. Depuis le début de l’année, la tendance baissière est confirmée, mais elle est moins aiguë. En valeur absolue, elle a reculé de 12,1% à 71,108 millions de dinars. En pourcentage, elle a perdu 150 points de base à 16,32%.
Une trésorerie moins confortable
D’autre part, les concessionnaires sont connus par l’excédent de trésorerie qui caractérise leurs bilans. Ce n’est plus le cas aujourd’hui puisque tous les opérateurs analysés ont vu leur trésorerie nette reculer par rapport à juin 2018. Elle est passée de 153,644 millions de dinars au S1 2018 à 68,463 millions de dinars une année plus tard. Cela s’est négativement répercuté sur les produits financiers. En dépit d’un taux de placement plus élevé, ces produits ont reculé de 7,16% depuis le début de l’année à 20,192 millions de dinars. Cela sans oublier que le taux d’imposition est déjà passé à 35% depuis l’année dernière.
Mais le dividende est toujours là
Il y a donc une série de facteurs qui mettent les bénéfices de ces concessionnaires sous pression. Cela explique leurs performances modestes sur le marché actions depuis le début de l’année. Seule Ennakl est parvenue à s’apprécier de 3,13%. Pourtant, Ennakl, ARTES et City Cars continuent à distribuer beaucoup de dividendes. En 2019, ces derniers ont versé quelques 50,497 millions de dinars à leurs actionnaires.
Globalement, les concessionnaires sont des entreprises très généreuses avec leurs actionnaires pour deux principales raisons. La première réside dans le fait qu’elles n’ont pas besoin de garder une partie significative de leurs bénéfices puisqu’elles investissent peu. La seconde est que certaines marques ont été achetées au prix fort après la Révolution. Leurs actionnaires de référence ont besoin de récupérer leurs investissements le plus rapidement possible. Verser un maximum de dividendes est le meilleur moyen pour raccourcir le délai de récupération.
C’est donc un secteur à jouer pour les amateurs de dividendes et ceux qui tablent sur une reprise durable du dinar.