Aujourd’hui, plusieurs voix s’élèvent contre l’Aleca, cet accord de libre-échange entre la Tunisie et l’UE. Car, dans sa mouture actuelle, il serait, d’après des chercheurs australiens, une catastrophe pour la Tunisie. Ils soutiennent qu’il est en défaveur de notre pays. D’après eux, la Tunisie pourrait perdre environ 0,5 à 1,5% de PIB dans le cas d’une libéralisation totale.
Les négociations sur l’Aleca sont actuellement gelées, en attendant les élections. Mais la reprise des négociations est annoncée dès le 1er trimestre 2020. Au niveau de l’Europe et de la Tunisie, de nouvelles équipes post-élections seront en place. Mais déjà, la plupart des Tunisiens, disent à l’Aleca : « Non, merci! »
En effet, plusieurs experts européens et internationaux sont pessimistes sur les effets de la signature de la version actuelle de l’Aleca. Dernièrement, Jean-Pierre Sueur un sénateur français et ami de la Tunisie avait même adressé, en mai 2019, un courrier au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères pour signaler le fait que cet accord sera en défaveur de la Tunisie. Cet accord serait inégal et injuste!
L’Aleca : Libre échange avaient déclaré les Européens. Hérésie!
Tout d’abord, un accord de libre échange permet la libre circulation des personnes. Les Tunisiens soumis aux aléas des visas, ne sont pas libres de se déplacer en Europe. L’Aleca ne respecte pas l’une des libertés essentielles (mobilité des personnes, des services, des capitaux et des biens) régissant tout accord de libre échange.
L’agriculture et la santé, les deux secteurs qui risquent d’être les plus touchés
Au niveau de l’agriculture, c’est bien connu l’Union européenne avec sa politique agricole commune (PAC) vise à moderniser et développer son agriculture.
La PAC est fondée principalement sur des mesures de contrôle des prix et de subventionnement. Le budget de la PAC pour la période 2014-2020 est de 362 milliards d’euros. La part reversée à la France est d’environ 9,1 milliards d’euros par an sur cette période.
La Tunisie, ne peut protéger son secteur agricole qu’à travers la mise en place de taxes douanières élevées (environ 30%). L’Union européenne a déjà démantelé ses barrières douanières mais utilise la PAC et les normes sanitaires et phytosanitaires comme barrières d’entrées. Demander à la Tunisie de démanteler ses barrières douanières est une duperie européenne puisque l’agriculteur européen est subventionné. Sans oublier que l’Europe bénéficie d’un avantage comparatif grâce à la grande étendue de ses terres agricoles, son industrialisation plus poussée et sa politique de contrôle des prix. Qu’en sera de l’agriculteur tunisien? De l’agriculture tunisienne?
Aleca : Quid du secteur de la santé ?
D’après Jean-Pierre Sueur, l’accord actuel permet aux établissements de santé européens de s’installer facilement en Tunisie et l’allongement au delà de 20 ans les brevets sur les médicaments. L’augmentation du nombre d’établissements de santé privés signerait la mort d’une santé publique réservée aux plus démunis. Seuls les plus riches auront le droit de se soigner dans ces établissements.
Aujourd’hui, 70% des médicaments commercialisés en Tunisie sont des génériques. Ils permettent aux Tunisiens de se soigner à moindre prix. Allonger les brevets des médicaments engendrerait une augmentation sensible des prix des médicaments.
D’après le site chnowabarnemjek.tn, la plupart des candidats se présentant à la présidentielle tunisienne, sont aujourd’hui contre l’Aleca; démontrant une prise de conscience collective.
Enfin, les Tunisiens demandent un accord de libre échange équitable!