Dès aujourd’hui, les échanges à la Bourse de Tunis vont durer plus longtemps.
A la Bourse de Tunis, la séance clôturera à 14H10 (plus les vingt minutes pour les transactions de blocs), mais les premiers échanges vont débuter dès 9H au lieu de 10H. D’ailleurs, réduire la préouverture à 30 minutes au lieu d’une heure est une excellente décision.
En réalité, c’était une perte de temps. Les gestionnaires et les actionnaires individuels cachaient leurs jeu jusqu’au derniers instants avant l’ouverture. Inutile de montrer ses intentions d’achat ou de vente dès les premières minutes.
Réduction du gap
Avec plus de 5h d’échanges, la Bourse de Tunis dépasse la Bourse du Caire, avec qui elle était ex-æquo. Néanmoins, elle a réduit le gap avec la Bourse de Casablanca à presque 1 heure (de 9H00 à 15H20).
Les places européennes (Euronext, London Stock Exchange, Francfort, Madrid et Milan avec un décalage de 5 minutes pour cette dernière) fonctionnement de 9H à 17H30. Les transactions à la Bourse de New York durent 6h30.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que sur ces marchés, il n’y a pas seulement que de l’intervention humaine, mais également de l’intelligence artificielle. Ce qui est sûr, c’est que la séance à Tunis ne peut pas aller plus loin car il y a les échanges administratifs avec les banques dépositaires pour les OPCVM.
Il faut donc une dose d’automatisation et d’harmonisation des systèmes d’information de l’ensemble des intervenants sur le marché financier avant de penser clôturer la session plus tard.
Un problème de collecte
Des échanges plus longs étaient une demande des investisseurs. Du point de vue volume, nous restons sceptiques quant à la capacité d’une telle décision de faire bouger le nombre et la taille des transactions. Dans tous les cas de figure, 20% de plus dans la séance ne va pas se traduire en 20% de plus dans les volumes. La relation entre les deux n’a jamais était linéaire. C’est vrai que le volume quotidien moyen (hors transaction de blocs) depuis le début de l’année est de 3,634 millions de dinars seulement, mais le problème est plus profond. C’est un problème de collecte.
En décembre 2017, les organismes de placement collectifs totalisaient 4,631 milliards de dinars. Fin juillet 2019, ils ne comptaient que 3,841 milliards de dinars. Ce qui confirme que c’est un problème de collecte c’est la tendance au niveau des fonds obligataires qui ne sont pas valorisés au prix du marché. Par rapport à la fin de 2017, ces fonds ont perdu plus de 519 millions de dinars, l’équivalent de l’investissement perdu.
L’absence des investisseurs étrangers
Autre point très important : l’absence de la locomotive des investisseurs étrangers. Jusqu’à la clôture de la séance du vendredi, les étrangers ont acheté des actions et des droits pour une valeur totale de 69,061 millions de dinars, dont 79,2% sur le compartiment des blocs.
Hors ces dernières transactions, les investisseurs étrangers ont acquis quotidiennement des titres pour une valeur moyenne de 88 208 dinars seulement ! Côté vente, la dynamique est plus importante : 83,545 millions de dinars de cessions dont 42,2% sous formes de blocs, soit un volume régulier moyen de 296 386 dinars. Pour un marché dominé par les investisseurs individuels, c’est un mauvais signe et accentue la tendance la tendance baissière.
Le lobbying est nécessaire
Les intermédiaires en Bourse doivent impérativement faire de la pression pour protéger leurs métiers. Avec le volume de business actuel, ils sont en train de lutter pour survivre. Il faut également que l’activité des nouvelles introductions reprenne.
Actuellement, l’avantage accordé aux entreprises qui ouvrent leur capital au public est essentiellement d’ordre fiscal (un taux d’impôt de 15% sur cinq ans), au moment où plusieurs secteurs passeraient à 13% seulement au bout de deux ans.
Pour les entreprises qui veulent se convertir en holding, les plus-values de cessions sont également exonérées. Mais tout cela n’est pas attractif pour les bons papiers. Il faut trouver de nouvelles incitations et exercer une pression sur les décideurs pour les intégrer dans le projet de la Loi de Finances. Avec les élections, c’est le moment ou jamais.