La dernière grève de La Poste a montré à quel point le business model de cette institution a besoin d’être renouvelé.
Grâce à son réseau unique- du point de vue implantation géographique- et un déficit de bancarisation dans plusieurs régions du pays, La Poste permet à une large partie de la population d’accéder aux services financiers à des frais acceptables.
Le dernier chiffre disponible montre que le nombre de bureaux postaux s’élève à 1 028. Par contre, toutes les banques disposent de 1 913 agences. Le nombre de comptes bancaires, toutes catégories confondues, est 8,742 millions fin 2017. La Poste, à elle seule, abrite 1,870 million de comptes et 3,893 millions d’épargnants, soit plus de 5,7 millions de comptes au total.
Nous parlons donc de la plus importante institution financière du pays. Nous ne disposons malheureusement pas des chiffres retraçant les performances financières de l’établissement. Mais le dernier plan quinquennal mis en place avec l’appui de l’UE a visé l’amélioration de ses indicateurs économiques.
Une problématique attendue
Le problème de fond dont souffre La Poste Tunisienne n’est pas particulièrement surprenant. Il est partagé par des établissements similaires dans le monde. Ces entités ont dû faire face à deux évolutions rapides et simultanées : la baisse du nombre de courrier classique et la concurrence provenant d’acteurs privés sur le peu qui reste de ce business.
En effet, la solution pour la pérennité de cette entité est d’explorer de nouveaux segments. Convertir La Poste en une banque est, à notre avis, une solution à risque. Bien qu’une telle transformation ne sera pas une bonne nouvelle pour les autres établissements de crédits, elle nécessitera la mobilisation d’une enveloppe importante pour mettre à niveau le réseau actuel, s’offrir un nouveau système d’information, recruter des banquiers de métiers, etc. Tout cela sans garantir le succès de cette opération en termes de retombées financières.
Mais il y a une solution plus simple, moins risquée et plus rentable : s’orienter vers la gestion d’actifs. L’assurance Vie reste encore peu exploitée en Tunisie et son taux de pénétration est inférieur à 1%.
S’inspirer des expériences étrangères
En même temps, la gestion d’actifs reste peu développée et l’encours des OPCVM est seulement de 3,857 milliards de dinars fin août 2018. La Poste détient déjà une SICAV obligataire (TANIT) et a développé un produit performant de retraite complémentaire (Motmen). La machine est donc en place, il suffit de la faire démarrer en force.
Là encore, on retrouve la question de la réforme des régimes de retraites. Le jour où le Tunisien aura le choix de choisir l’institution à laquelle il va confier la gestion de son épargne de retraite, La Poste va cartonner. Aucun établissement financier en Tunisie ne détient son capital confiance. Au fil des années, La Poste est devenue le synonyme de l’épargne. Nos responsables doivent s’inspirer l’opération en cours sur le capital de la CNP et de la Banque Postale en France.
A notre avis, les cinq prochaines années seront déterminantes pour l’avenir de cette institution. Nous espérons que la prochaine équipe gouvernementale aura conscience de l’importance de doter cet édifice de tous les moyens pour se projeter dans l’avenir.