Depuis son entrée à la Maison-Blanche le 20 janvier 2017, c’est la première bonne décision que Donald Trump a prise.
Le limogeage de John Bolton de son poste de conseiller à la sécurité nationale est intervenu mardi 10 septembre par un simple tweet : « J’ai informé Bolton la nuit dernière qu’on n’a plus besoin de ses services à la Maison-Blanche. J’étais, comme d’autres dans cette administration, en profond désaccord avec plusieurs de ses suggestions. C’est pour cette raison que je lui ai demandé sa démission qu’il vient de me remettre ce matin. Je nommerai un nouveau conseiller à la sécurité nationale la semaine prochaine. »
Par ces quelques lignes, Trump a provoqué un grand soulagement dans divers milieux politiques et médiatiques aux Etats-Unis et dans le monde. Bien que les marchés pétroliers aient réagi aussitôt accusant une baisse du dollar, ce limogeage a suscité l’espoir en des jours meilleurs.
La plupart des observateurs voient en le limogeage du conseiller à la sécurité nationale une volonté de la Maison-Blanche de calmer les ardeurs guerrières avec l’Iran qu’agitait Bolton.
Spécimen pour laboratoires
Ce boutefeu est un spécimen précieux pour les laboratoires d’analyse des comportements humains spécialisés dans la recherche des origines de l’agressivité chez l’Homme. C’est que Bolton est une bizarrerie politique, une incongruité humaine. Il déprime quand la paix et la stabilité règnent et plonge dans l’euphorie quand la guerre fait rage et que la machine de guerre décime indistinctement hommes, femmes et enfants en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Libye et ailleurs.
Bolton était l’un des architectes des plans démoniaques qui ont dépecé l’Irak en 2003, la Syrie et la Libye en 2011. Il harassait Donald Trump par son insistance non-stop de déclencher une guerre contre le Venezuela, la Corée du Nord et l’Iran.
Il n’hésitait pas à nouer des contacts directs avec « Moujahidine Khalq », cette même organisation classée comme terroriste par Washington, pour l’encourager à combattre le régime iranien. Lors d’une rencontre avec ses chefs à Paris en 2018, Bolton leur a promis que « la République islamique ne fêterait pas son 40e anniversaire » en février 2019…
Incontestablement, il est l’un des politiciens américains qui ont contribué le plus à ternir la réputation des Etats-Unis et à les faire détester par une large partie de l’humanité. Une bonne partie de la presse américaine et mondiale ont salué le renvoi de Bolton de la Maison Blanche avec des commentaires approbateurs et des titres qui se résument en une interjection : « Bon débarras ! ».
Déclin de l’influence maléfique ?
Beaucoup ont exprimé leur étonnement le jour où Trump l’a nommé au poste extrêmement important de conseiller à la sécurité nationale. Car le profil de Bolton, connu pour être un va-t-en guerre notoire, est aux antipodes des promesses électorales de Trump qui critiquait avec virulence les « guerres désastreuses » et promettait de s’occuper de « l’Amérique d’abord ». La décision inconvenante de Trump de nommer Bolton à un poste si important à la Maison Blanche s’expliquait par l’influence décisive qu’exerçait le parti de la guerre à Washington. Le limogeage de l’homme à la moustache abondante est-il un signe de déclin de cette influence maléfique ? On le saura d’ici quelques semaines ou quelques mois.
Cette influence du parti de la guerre, mais aussi du lobby israélien téléguidé par Netanyahu, se mesurera dans le court terme à l’aune de l’évolution de la crise irano-américaine. Si Trump met un peu d’eau dans son vin, revoit ses exigences et allège les sanctions dévastatrices imposées à l’Iran, ce sera la confirmation que le président américain s’est enfin rendu compte qu’il est allé trop loin dans sa gestion de la crise iranienne.
Si, au contraire, Trump poursuit sa politique agressive envers l’Iran et nomme un clone de Bolton au poste de conseiller à la sécurité nationale, au saura alors que le parti de la guerre n’a rien perdu de son influence et que le limogeage du moustachu s’explique plus par des raisons personnelles que par des raisons politiques. On ne tardera pas à en avoir le cœur net.
En attendant, et quelle que soit la raison de son éviction, Bolton pourra aller offrir ses services à l’organisation terroriste des « Moujahidine Khalq’’ et lui promettre cette fois que la République islamique ne fêtera pas son 41e anniversaire en février 2020.