A quelques jours du scrutin de l’élection présidentielle qu’est ce qui pourrait faire courir encore les lièvres et les figurants aux élections ?
Au moins vingt parmi les 26 savent bien qu’ils n’ont aucune chance de passer le cap du premier tour. Qu’ils font ricaner même ceux qu’on paie pour les applaudir dans les rassemblements; ceux qui brandissent leurs banderoles et font stimuler un applaudimètre assoupi. Alors pourquoi font-ils encore acte de candidature aux élections ?
Certes, il est évident que chacun de ceux-là est travaillé par une prétention infondée ou des calculs insondables. Que cherchent-ils simplement ? Quelques miettes que daignerait leur laisser un pouvoir défaillant qui se cramponne désespérément aux commandes ? Pour leur dire qu’ils font bien leur travail de fractionnement du corps électoral ? Pour continuer à vivoter au gré des circonstances et à rêver qu’ils seraient un jour… Histoire d’apparaître de temps en temps à la télé, ou aux réceptions officielles; ou bien d’avoir quelques députés (qui n’hésiteront pas à changer de camp en cas d’avis de tempête). Ainsi va la vie des larbins et des lièvres. Attirés sans doute par la forte odeur de la carotte tendue par la coterie islamo-mafieuse.
Quand les egos prennent le dessus
D’ailleurs, lorsqu’on considère le paysage politique ou ce qui en tient lieu, la première impression est celle de désordre. Pour ne pas dire de capharnaüm. Le sentiment d’un imbroglio que personne ne domine. Et où chacun se contente de réagir comme il peut à des flux qu’il ne maîtrise pas.
Ainsi, en passant en revue les portraits de ces prétendants à la présidence de la République, l’idée nous vient qu’il s’agit plutôt de figurants dans leur majorité. Des comparses plus ou moins habiles à se mettre en scène. Quelques médias les projettent dans la lumière, en personnalisant et surestimant leur rôle. Et ce, à travers un traitement superficiel de l’activité politique; sans aucune vision analytique des enjeux. Plusieurs de ces personnages ne sont que des sous-produits et les paravents d’un appareil sous-jacent.
Des électeurs avertis
Alors dans le spectacle politique qui se déploie devant nous, les citoyens sont-ils contraints à un rôle passif ? Le jeu sur l’apparence et la « mise en scène », par le biais des monologues et des exhibitions unilatérales, fait redouter un écrasement de la relation authentique entre les citoyens et les candidats dignes de cette appellation.
C’est pourquoi, il est bien temps que les électeurs prennent conscience du danger qui guette ce pays. Afin qu’ils destinent leur voix dès le premier tour des élections à celui ou celle qui est capable de limiter les dégâts et de stabiliser la situation. En rompant totalement avec les responsables de la dégradation soutenue durant ces cinq dernières années, pour ne pas remonter à 2011. On ne doit pas prendre le risque de se retrouver au deuxième tour avec un pantin des islamo-mafieux ou un délinquant de la politique.
En fait, loin d’être abrutis par les discours des phraseurs dont l’apparence masque la vacuité du réel, les citoyens se comportent à l’égard des personnages alignés au cours des trois exhibitions télévisées comme devant un spectacle où la médiocrité, à quelques exceptions près, s’étale effrontément. On entendrait sifflets, murmures, huées qui fusent des réseaux sociaux et des médias libres. Les figurants parmi eux, au sens propre et figuré, se retrouveront dans l’anonymat et l’oubli, une fois le bazar électoral fermé.
Cependant, ce qu’il convient de dénoncer dès à présent, ce sont les formes non-médiatisées de l’activité politique. Celles qui empêcheraient à aller au-delà des apparences. S’il n’est pas défendu pour un homme politique, candidat aux élections, de rencontrer d’autres responsables politiques à quelque niveau que ce soit pour coordonner leurs actions; il reste que le caractère secret de toute démarche de ce genre porte souvent préjudice par ricochet à la sérénité de la vie politique.
Des élections dans la transparence
Nous savons tous les conséquences de la rencontre d’août 2013 à Paris, ébruitée par la suite à l’insu de l’un des deux protagonistes. La nocivité de ce genre d’ententes secrètes fausserait le libre jeu de la compétition. Et son effet peut être particulièrement pernicieux pour la suite.
On souhaiterait donc que les potentats de la section locale des frères musulmans ne nous rejouent pas un remake. Avec un candidat aux dents longues qui traîne par ailleurs un bilan désastreux à tous les niveaux. La transparence demeure un test de crédibilité dans le cadre de la politique de confiance.
Que cela leur plaise ou non, les politiciens actuels sont observés de près et sont exposés au risque que ce qu’ils manigancent à la dérobée ne puisse plus rester dans une sphère restreinte. Mais soit au contraire de l’ordre du domaine public. Alors, qu’ils jettent les masques avant d’être confondus et conspués. Les élections sont une issue pour sortir de la nasse. Il ne faut pas qu’elles conduisent de nouveau à une impasse ou à des troubles provoqués et entretenus délibérément par les perdants.
La météo et la politique nous évoquent quelques similitudes et peuvent produire des effets comparables. Le défunt Hédi Nouira, ancien premier ministre au cours des années 70, aimait dire « la pluie a voté pour moi », lorsqu’il avait inauguré ses fonctions (2 novembre 1970).
Quand la météo s’en mêle
En principe, les Tunisiens accueillent avec satisfaction les pluies et la recharge des nappes phréatiques qui s’étend de l’automne au printemps. Mais, les dernières pluies torrentielles dans la capitale ainsi que dans plusieurs villes avec leurs conséquences sur les conduites et autres canalisations mettent les pouvoirs publics à l’index.
Des maisons submergées, des dégâts subis par des familles, de larges étendues transformées en vastes étangs. Et des quartiers entiers dont les habitants sont obligés de patauger dans des rues plongés par les eaux.
Ceux qui semblent gouverner sont tenus pour responsables par les Tunisiens. Parce qu’ils n’ont pas tirés les leçons du passé et n’ont pas agi suffisamment pour éviter les déconvenues et y remédier.
Enfin, le gouvernement, outre ces multiples échecs connus par tous, serait confronté ce dimanche 15 septembre 2019 à un gros temps. Et vraisemblablement « la pluie risque de voter contre son chef » et néanmoins candidat. Malgré tout, il faut espérer qu’un nouveau climat plus serein s’installe après la présidentielle pour s’engager vers les élections législatives.