Les Tunisiens ne veulent plus entendre parler de la classe politique. Au bout de huit ans de processus démocratique durant lequel les politiciens n’étaient pas à l’écoute des citoyens. Ce qui les a conduits au choix de l’anti-système. Comment l’expliquer?
Ayda Ben Chaabane, présidente de la Coalition pour les femmes de Tunisie met l’accent sur la fragilité du processus démocratique, qui selon elle, est en danger. Elle souligne : « Les Tunisiens sont dégoûtés par certaines pratiques politico-politicardes au point de ne plus vouloir entendre parler de cette classe politique. Du coup, on va vers l’inconnu. »
Elle poursuit : « Je me pose la question. Comment au bout de huit ans, n’est-on pas arrivé en tant que progressiste à avoir notre propre candidat à élire et aller de l’avant vers la Tunisie? Ce qui est malheureux tout de même ».
Comment expliquer la montée des idées “hors système”, du populisme et des droites extrêmes, que nous pensions à jamais révolues? Il est clair que l’ère des surprises électorales est la conséquence des idées conventionnelles du système.
A cette question, Moez Attia, président de l’association Kolna Tounes revient sur le premier tour de l’élection présidentielle. Pour lui, c’est un vote de sanction. Il précise : « Ce qui est clair c’est que le Tunisien n’a pas voté pour ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui avec toutes ses tendances islamiste, moderniste… Aujourd’hui, l’électeur tunisien a sanctionné toute cette classe. D’ailleurs, les premiers résultats des deux candidats sont prévisibles ».
Il conclut : « On va voir ce qui va se passer pour les législatives. D’ailleurs, je ne sais pas s’il va y avoir un changement de stratégie pour ces partis là. J’en doute fort ».