Que l’analphabétisme gagne du terrain en Tunisie est une chose. Que son coût soit exorbitant en est une autre. Zoom sur une réalité qui dérange.
Contrairement aux propos avançant que l’analphabétisme fait partie de l’histoire ancienne, les chiffres officiels viennent démentir cette réalité. En effet, en septembre 2018, le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, révèle que le taux d’analphabétisme en Tunisie se situait à 19,1%. Ce pourcentage avoisinait 18,8% en 2014. Il s’agit de la première hausse depuis l’indépendance. A l’époque, c’était une réalité qui a crée un tapage médiatique. Faut-il encore rappeler que l’Etat de l’indépendance a misé, entre autres, sur la vulgarisation de l’éducation.
Le sujet refait surface de nouveau. En effet, le premier responsable du programme national d’alphabétisation, Hichem Ben Abda est revenu sur l’impact financier de ce phénomène. Il affirme que l’élimination de l’analphabétisme en Tunisie nécessite la mobilisation d’une enveloppe de 25 à 30 millions de dinars annuellement. Ainsi, entre le budget existant à cet effet (neuf millions de dinars) et le budget à atteindre (25-30 millions de dinars), la différence interpelle les caisses de l’Etat.
Pire encore, le budget du programme gouvernemental a connu une forte régression après la révolution de 2011. Il passe de 16 millions de dinars annuellement à seulement neuf millions de dinars au titre de l’année 2019.
De la nécessité de se mobiliser contre l’analphabétisme en Tunisie
L’intervenant indique que cette situation a contraint la direction du programme à chercher des financements dans le cadre de la coopération internationale. Et ce, dans l’objectif d’impulser les efforts de lutte contre l’analphabétisme en Tunisie. Tout en soulignant que le budget dudit programme a atteint les trois millions de dinars annuellement durant les années qui ont suivi la révolution, selon lui.
Il souligne que la direction du programme est partie à la quête de financements étrangers, en partenariat avec une organisation non gouvernementale allemande. Et ce, dans le cadre de la mise en œuvre d’un programme visant à consolider les capacités de la femme rurale. D’ailleurs, le taux d’analphabétisme prévalant dans le milieu rural est de 45%. Il touche 25% des femmes tunisiennes, selon des chiffres officiels.
Qu’en est-il du capital humain ?
Il précise que la rentrée des classes du programme national d’enseignement pour adultes est prévue pour le 23 septembre. Les 950 centres d’enseignement pour les adultes prévoient l’inscription de 22 500 citoyens. En 2018, les centres ont pu inscrire 21 000 personnes.
Quelque 1 200 enseignants dispensent des cours d’alphabétisation dans ces établissements qui accueillent des apprenants de différentes catégories d’âge. A noter qu’un colloque se tiendra le 24 septembre pour élaborer une stratégie nationale en la matière. Par ailleurs, il est à noter que le sociologue Abdessatar Sahbeni estime que le taux réel de l’analphabétisme dépasse de loin les statistiques officielles.