Bien que nous soyons au mois de septembre 2019, il y a encore des sociétés cotées sur la place de Tunis qui n’ont pas encore publié leurs comptes de 2018. Parmi les retardataires figure Carthage Cement.
Les difficultés du cimentier ne datent pas d’aujourd’hui et ont été probablement accentuées par l’échec récent de sa cession. Carthage Cement est aujourd’hui un grand point d’interrogation non pas pour la Bourse, mais surtout pour le risque qu’elle représente pour le système bancaire.
Toujours le problème de dettes
Les derniers indicateurs d’activité du mois de juin 2019 montrent que l’endettement s’élève à 539,077 MTND. Les derniers détails remontent au mois de juin 2018. Sur les seuls emprunts, la Banque de Tunisie a une exposition de 99,707 MTND. Les trois banques publiques ont un encours de 171,240 MTND. En Bourse, le cimentier ne pèse que 191 MTND et affiche une perte de 46,12% depuis le début de l’année. Historiquement, l’un des titres les plus échangés, le volume des transactions se limite à 13,071 MTND seulement.
La situation fiscale est loin d’être clean
A cela, s’ajoute une série de contrôles. Il y a d’abord un contrôle fiscal sur la période 2008-2011, au titre des différents impôts et taxes auxquels elle est soumise. Un arrangement entre la société et l’administration a été signé avec la reconnaissance d’une dette de 6,483 MTND. Un échéancier de règlement a été approuvé par la suite avant que la société ne reçoive, en 2012, un arrêté de taxation d’office lui réclamant un complément d’impôts et taxes de 7,228 MTND. L’affaire est actuellement en cassation après deux jugement en faveur de l’administration fiscale.
Carthage Cement a fait également l’objet d’un deuxième contrôle fiscal couvrant les années 2011 et 2012. Ce contrôle a été clôturé par la reconnaissance d’une dette fiscale de 89 072 TND et la notification d’une taxation d’office de 619 552 dinars relative au principal des acomptes provisionnels. Cette dernière décision a été contestée par la société devant le Tribunal de Première instance.
A ces deux litiges, s’ajoute un autre qui concerne la société Les Grandes Carrières du Nord et qui remonte aux années qui précèdent même la naissance de Carthage Cement ! Les comptes de la société affichent des provisions de 1,907 MTND pour couvrir l’ensemble de ces risques.
Cela sans oublier le contrôle social qui couvre la période 2015-17. Il s’est achevé sur un redressement de 2,892 MTND, provisionné à hauteur de 1,446 MTND.
Pourquoi ne pas reproduire le scénario d’Elbene ?
La société vient de convoquer une Assemblée Générale pour le 11 octobre prochain. L’objectif de cette réunion des actionnaires est d’obtenir l’autorisation pour continuer l’exploitation du moment que les fonds propres de la société sont inférieurs à la moitié du capital social. Le Conseil d’administration est donc tenu d’établir un plan de restructuration et de le soumettre aux actionnaires dans un délai ne dépassant pas six mois.
Mais est-ce qu’un tel plan est réalisable ? Pourquoi ne pas s’inspirer du coup d’accordéon d’Elbene Industrie et le réitérer dans le cas de Carthage Cement ?
Cela permettrait de donner un coup de pouce non négligeable à la cession de la société. Les fonds propres seraient renforcés et la dette significativement réduite. Un rééchelonnement des échéances pourrait aussi être négocié.
Nous pensons que c’est la meilleure solution pour le cimentier car dans l’état actuel, sa vente est une mission quasi-impossible.
En conclusion, les comptes de Carthage Cement pourraient être rééquilibrer au bout de quelques années. A condition qu’ on lui donne les moyens de poursuivre ses activités. Autrement, la société continuera à broyer du noir.