Le rapport entre la demande et l’offre d’emploi demeure toujours problématique. Si les chefs d’entreprise se plaignent du manque de profils adéquats, les demandeurs d’emploi se plaignent du chômage et de l’inexistence de postes vacants. Voici, entre autres, une situation paradoxale sur laquelle le quatrième rapport national de l’emploi 2019 de l’IACE braque la lumière.
Intervenant dans le cadre d’une conférence de presse pour présenter le rapport, le Directeur exécutif de l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE), Majdi Hassen indique que l’institut a choisi de dévoiler les résultats du rapport national de l’emploi 2019 pour rappeler à la classe politique que l’emploi demeure toujours la revendication principale des Tunisiens. Ainsi, le moment de la publication du rapport ne doit rien au hasard. Dans le même contexte, il déclare que l’IACE tiendra un séminaire qui porte sur « L’exclusion sociale, une barrière contre l’emploi ».
De son côté, le directeur de l’ANETI, Youssef Fennira, signale un déficit de communication au niveau du fonctionnement de l’agence. L’agence, ajoute-t-il, a sa propre vision pour 2030. Qui s’articule autour de cinq axes. Il s’agit de la digitalisation, la communication, la formation, la qualité et l’infrastructure. Dans le même contexte, il a souligné l’importance de l’emploi comme ascenseur social.
Sur un autre volet, Walid Haj Omar, vice-président de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), affirme, dans son intervention, que l’entreprise doit s’assurer que chaque nouveau recrutement sera porteur d’une valeur ajoutée. Car il y va de sa survie.
Quand les entreprises partent à la recherche des compétences
Le rapport national de l’emploi 2019 montre que les compétences techniques et numériques sont les plus demandées (77,5%). Toujours par rapport à l’adéquation entre les besoins et l’offre du marché de l’emploi, le rapport démontre que certains gouvernorats s’en sortent bien, excepté dix. A savoir: Gabès, Kairouan, Siliana, Nabeul, Tozeur, Kébili, Tataouine, Gafsa et Bizerte. Le Kef arrive en bas du tableau avec un score égal à 0.
Presque 80% des employés travaillent dans les secteurs de l’industrie et des services. Ces deux secteurs sont en tête de liste en matière de recrutement : l’industrie (16936) et les services (5602).
Les disparités au niveau régional ne manquent pas. La plupart des postes occupés sont concentrés dans le Grand Tunis soit 43,5%, suivis du Nord-Est (18%), du Nord-Ouest (6%), du Centre-Est (28%). Les pourcentages les plus faibles sont occupés par le Centre-Ouest (1,3%), le Sud-Ouest (1%) et le Sud-Est (2,2%).
Vers la stagnation des recrutements ?
Concernant la perception des chefs d’entreprise vis-à-vis de la situation de l’emploi au cours des douze prochains mois, 4% des chefs d’entreprise interrogés pensent que l’emploi va baisser dans les entreprises. Alors que 24,3% pensent que la situation de l’emploi s’améliorera. 71,7% ne prévoient pas de recruter au cours des douze prochains mois. Les chefs d’entreprise estiment que les postes les plus difficiles à pourvoir sont les professions intellectuelles et scientifiques ainsi que les postes de directeur, cadres de direction et gérants.
Professions en voie de disparition
Concernant les postes susceptibles de disparaître, le rapport révèle que le nombre total de ces postes s’élève à 7 819 et sont répartis comme suit : l’industrie (6630), les services (583), le commerce (247), l’agriculture, la sylviculture et la pêche (86), l’information et communication (75), l’hébergement et la restauration (98), la construction (86) et les transports et l’entreposage (14).
Miser sur son réseau personnel pour la première insertion professionnelle
Le rapport revient sur les moyens utilisés pour décrocher le premier emploi. Plus de 1/3 des interrogées déclarent décrocher leur premier poste de travail grâce à des parents et amis 36,40%. Le reste cite des candidatures spontanées (28,10%), bureau de l’emploi (20,20%), cabinet de recrutement (11,20%) et institution de formation (4%). Mais il est à noter que plusieurs personnes interrogées déclarent avoir refusé une ou plusieurs offre(s) d’emploi, représentant ainsi 40,64%. Ce refus peut être expliqué par plusieurs raisons. Mais la rémunération reste toujours la raison principale (44,7%).