Le taux de change du dinar poursuit son appréciation vis-à-vis de l’euro, retrouvant ainsi son niveau de juillet 2018. Il s’agit d’une appréciation artificielle qui risquerait d’avoir de lourdes conséquences. Car, il pourrait se déprécier après les élections. C’est ce qu’estime l’économiste Ezzeddine Saïdane.
Revenant sur la situation de la monnaie nationale, Ezzeddine Saïdane déclare que depuis mars 2019, une appréciation du dinar est constatée. Une appréciation qui se poursuit jusqu’à aujourd’hui.
Et comme généralement la monnaie nationale constitue un miroir qui reflète la situation économique et financière. On peut donc supposer que l’appréciation du dinar reflète une amélioration des conditions économiques et financières du pays. Mais il s’avère que ce n’est pas le cas pour la Tunisie.
Et pour preuve, l’INS a dévoilé un taux de croissance du PIB de l’ordre de 0,1% pour le 1er trimestre et de 0,5% pour le second trimestre 2019. Et ce, par rapport à la fin de l’année 2018. Cette faible croissance ne peut pas, selon M. Saïdane, justifier une appréciation du dinar.
De même, les taux d’inflation enregistrés sont loin de servir le dinar. D’ailleurs, le dernier chiffre publié aussi par l’INS est de 6,7% à fin août 2019. Une inflation énorme qui ne justifie pas, selon ses dires, l’appréciation du dinar.
Dans le même ordre d’idées, la balance commerciale a enregistré un déficit de 19,2 milliards de dinars à fin 2018, contribuant largement à la dépréciation du dinar. Ce déficit s’est aggravé de 20%, à la fin du premier semestre de 2019. Ce qui prouve que la récente appréciation du dinar ne résulte pas d’une amélioration de cette balance commerciale.
La vraie raison de l’appréciation de la monnaie nationale
L’économiste rappelle que dans son dernier rapport, le FMI démontrait que l’appréciation du dinar va compliquer la tâche de la Tunisie pour le redressement des déséquilibres de la balance des paiements. Ainsi, il qualifiait les tentatives de redressement du dinar d’irrationnelles.
En fait, cette appréciation est due à la cession des actifs tunisiens à des investisseurs étrangers. Tels que les actifs de la Banque Zitouna et de Zitouna Takaful.
Elle s’explique aussi par des crédits qui ont été contractés, générant des rentrées de devises. M. Saïdane affirme que logiquement ces entrées de devises auraient dues être affectées aux réserves de change pour les conforter. Et ce, face au niveau d’endettement très important de la Tunisie.
Mais, les autorités tunisiennes concernées ont procédé à des interventions massives sur le marché des changes. Et ce, en intervenant auprès des banques pour leur proposer des devises à prix réduit. Ceci a permis de redresser d’une façon progressive le dinar.
En effet, il souligne que les devises provenant des dettes ou de cession d’actifs ont été utilisées pour inverser artificiellement la courbe du dinar.
Notons que selon les données quotidiennes de la BCT du 24 septembre, le dinar s’échange à 3,140 contre l’euro sur le marché interbancaire.