Les conséquences économiques du vote du 15 septembre commencent à voir le jour. Il ne s’agit pas d’une dégradation d’indicateurs. Mais plutôt d’un sentiment général et d’une appréciation peu positive des perspectives du pays. Dans ce genre de situation, la Bourse est la première à réagir. Puisque l’acte d’investissement/désinvestissement passe seulement par quelques clics de chez-soi.
Le candidat qui a décroché, à la surprise générale, la première place à la Présidentielle n’a quasiment aucune feuille de route économique. A part cette idée d’obliger les hommes d’affaires corrompus à investir dans les régions défavorisées, rien n’est clair. Statistiquement parlant, il a plus de chance que son rival, pourtant libéral avec une composante sociale. Il bénéficie même de l’appui de quelques figures économiques et financières de premier plan qui inspirent confiance pour les investisseurs. Ce qui explique leurs mouvements en Bourse.
Mais ce qui complique davantage le tableau, ce sont les résultats attendus des législatives. Avec le contexte actuel, il serait difficile de trouver rapidement une coalition et la naissance d’un gouvernement se ferait dans la douleur. Encore plus inquiétant, l’absence de vrais programmes de réformes. Les partis politiques ont bien retenu la leçon de la Présidentielle où les populistes ont gagné du terrain. L’accent est mis sur des programmes régionaux et locaux qui ne seront jamais réalisés. Maintenant, il y a la montée en puissance des indépendants qui n’ont pas nécessairement une approche libérale. S’ils parviennent à gagner du terrain et deviennent une force politique, les investisseurs ne regarderont pas cela d’un bon œil.
L’alerte non aperçue de la Bourse
Avec du recul, nous pouvons facilement conclure que les institutionnels étrangers présents sur la Place de Tunis ont anticipé ce tableau. L’évaluation de tout placement dans des marchés comme le nôtre englobe la dimension politique. Avec une bonne lecture de la situation, le mot d’ordre depuis le début de l’année était essentiellement de quitter, lorsqu’il y a des opportunités, la Place. L’appréciation du dinar leur a, également, permis de récupérer quelques pertes causées par sa dégringolade depuis 2017.
Les chiffres appuient notre analyse. Jusqu’à la dernière séance avant les élections, les ventes des étrangers se sont établies à 60,317 millions de dinars. Côté achats, ils n’ont pas dépassé 13,925 millions de dinars. Nous excluons de ces chiffres le compartiment des blocs qui reste concentré sur quelques valeurs et ne reflète pas la dynamique du marché.
Depuis les résultats des élections, le volume des échanges s’est effondré. En dix séances, les mouvements des étrangers se résument à 188 000 dinars d’achats et 307 000 dinars de ventes ! Il faut tenir compte de la baisse globale des transactions, avec une moyenne quotidienne de 1,993 million sur cette période. Mais dans un marché qui offre plusieurs points d’entrée, une lecture positive de ce qui s’est passé aurait inversé la tendance.
Une fin d’année compliquée
Le dernier trimestre de l’année ne semble pas particulièrement positif pour la Place de Tunis. Nous allons maintenant ouvrir le chapitre des législatives. Si les attentes d’une mosaïque inédite à l’ARP se confirment, la tendance baissière continuera pour des semaines. En parallèle, il y aura la loi de finances 2020. Historiquement, le projet de cette loi a un impact significatif sur le marché. En ce qui concerne les volumes, nous devrons rester sur une moyenne inférieure à 3 millions de dinars selon nos estimations.
Si vous êtes un investisseur, il faut mieux préparer son portefeuille pour l’année prochaine dès maintenant et sécuriser son rendement avec les meilleurs rendements en dividendes.