Aujourd’hui, les Tunisiens sont amenés à voter pour les législatives? Que faut-il en attendre? Ahlem Hachicha Chaker, analyste politique livre son point de vue.
Elle précise: « Nous votons aux législatives. Nous votons pour élire nos Représentants à l’Assemblée. Encore une campagne que nous avons traversé avec plus ou moins de succès, plus ou moins d’horreurs. »
Ahlem Hachicha Chaker: » Cette campagne a eu du mal à démarrer »
Selon elle, cette campagne a eu du mal à démarrer, bousculée par les incertitudes, les tribulations judiciaires, les surprises relatives à l’élection présidentielle. Sur les réseaux sociaux, il y a eu télescopage entre la présidentielle et les législatives. Les listes candidates, qu’elles soient partisanes ou indépendantes, ont eu du mal à faire entendre leurs voix. En fait, la motivation n’y était pas au cours de la 1ère semaine.
Et de poursuivre: « Au cours de la 2ème semaine,cela a commencé à bouger un peu. Mais le flux demeurait assez modeste sur les réseaux sociaux. Il est clair que la majorité des candidats ont fait le choix d’être sur le terrain, dans un travail de proximité. Moins de contenu digital, moins de grands meetings, moins de tapage d’argent. »
Par ailleurs, les médias ont eu du mal à trouver un équilibre face à un déluge de candidatures. Le tirage au sort a été l’outil choisi dans la plupart des cas. Certes c’est arbitraire, mais impartial.
Ahlem Hachicha Chaker: « Le taux de participation sera encore plus bas »
Et d’ajouter: « La 3ème semaine a été marquée par les débats télévisés de la chaîne nationale. La formule retenue était lourde en raison des contraintes techniques et juridiques liées aux débats. Le contenu laissait à désirer. D’abord en raison du déroulement du débat avec ses questions à la file où l’on avait l’impression de regarder une partie de petits chevaux. Ensuite, la nature des thèmes des questions qui semblaient confondre pouvoir législatif et pouvoir exécutif. En effet, le membre de l’ARP n’a aucune prérogative qui lui permette de corriger le déficit commercial, de décider du financement de la réforme de l’éducation nationale ou de restructurer la carte sanitaire. »
Mme Hachicha Chaker conclut: « Les députés tunisiens n’ont pas accès à des emails professionnels, à un intranet, à du savon, à des blocs notes. Mais on leur demandait, au cours de ces débats, de présenter des solutions à l’inflation, les équilibres budgétaires, les énergies renouvelables, le tout en 90 secondes. Finalement, aujourd’hui, on voit un taux de participation très faible. L’intérêt de l’électeur n’a pas été retenu par tout ce qui se passe. Il n’arrive plus à trouver la motivation pour voter, perdu dans un déluge de candidatures, dégouté par le désordre politique et les tensions. Il est fort à parier que dimanche prochain, pour le 2ème tour de la présidentielle qui a déjà démarré sur les talons de la campagne législative, le taux de participation soit encore plus bas. »