La cimenterie dont l’Etat tunisien a hérité après la Révolution n’a jamais cessé d’être un vrai casse-tête.
La société Carthage Cement qui n’a pas encore publié ses comptes de l’année 2018 affiche des capitaux propres négatifs de 9,269 MTND fin juin 2018. Elle n’a jamais distribué de dividende. C’est ce qui a poussé le management à convoquer une Assemblée Générale Extraordinaire cette semaine afin de statuer sur la continuité de l’exploitation.
Le grand problème du cimentier reste sa dette colossale qui dépasse 539 MTND selon les derniers indicateurs d’activité. Cette dette est l’une des principales raisons qui ont conduit à l’absence d’acquéreurs sérieux lors du dernier processus de vente.
La société Carthage Cement parvient à générer un chiffre d’affaires en croissance (121,365 MTND au premier semestre 2019). Mais elle reste victime de sa structure financière déséquilibrée. Le management a annoncé hier la signature d’un contrat d’exportation important vers l’Espagne portant sur 100 000 tonnes.
Le chiffre d’affaires 2019 devrait atteindre 255 MTND et 400 MTND en 2023. L’année 2019 se solderait par un résultat négatif de -42 MTND, mais passerait en territoire positif dès 2020 pour s’établir à 35 MTND.
Plan de restructuration
Le plan de restructuration envisagé passe par deux principaux volets. Le premier est axé sur la réduction des charges d’exploitation et par un plan social qui concerne 200 employés. Le second est une opération de recapitalisation de 223,774 MTND via une émission d’actions au prix unitaire de 1,2 TND. Cette augmentation de capital permettrait de négocier un plan de rééchelonnement des dettes auprès des banques. Le management compte relancer le processus de vente de la société au cours du premier trimestre 2020.
Reste maintenant la grande question de la volonté des actionnaires actuels de Carthage Cement à suivre cette levée de fonds. D’ailleurs, le principal actionnaire n’est autre que l’Etat et les résultats des élections ne sont pas de bons augures pour un tel projet. Quant aux actionnaires individuels, nous ne pensons pas qu’ils accepteraient de mettre la main dans la poche. Un exercice risqué pour la société qui, en réalité, n’a pas d’autres choix.