Place à la sentence des urnes. Selon l’institut de sondage Sigma Conseil, le candidat à la présidentielle anticipée, Kaïs Saïd remporterait la victoire. Une victoire qui incite à la réflexion. Voire même à la remise en question de plusieurs constats qu’on croyait inébranlables. Décryptage.
En effet, 3 055 814 électeurs ont voté pour Kaïs Saïd; soit (76,6%) des voix. Ainsi, il devance son rival Nabil Karoui dont le nombre des électeurs est de 917 936 soit (23,1% des voix).
Premier constat : Kaïs Saïd obtient plus de voix que Moncef Marzouki et Feu Béji Caïd Essebsi. Comment cette victoire a-t-elle été rendue possible? Ce résultat annoncerait un tournant historique dans l’histoire politique tunisienne. Qu’on en juge.
La jeunesse, ce facteur de changement
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon Sigma Conseil 80,8% de l’électoral de Kaïs Saïd ont un niveau secondaire. Et 86,1% ont un niveau universitaire. De plus, 90% de la tranche d’âge (18-25) ont voté pour lui.
Pourtant, la jeunesse tunisienne est connue pour sa faible participation aux élections; voire son désintérêt de la vie politique. On a bel et bien vu ce désintérêt pendant, les élections de l’Assemblée nationale constituante, la présidentielle et les législatives 2014. Tous les chiffres s’accordent à affirmer cette faible participation.
Alors, la présidentielle 2019 ne manque pas de surprendre les observateurs devant cet engouement de la jeunesse pour cette présidentielle anticipée.
La nouvelle image de la jeunesse
Peut-être faudrait-il rechercher les réponses d’abord dans l’équipe de campagne de M. Saïd. Puisque la bonne majorité de son équipe est des jeunes bénévoles qui se sont impliqués avec lui.
Ainsi, des sources concordantes affirment que la majorité de son équipe dans les régions a fait du bénévolat pour le hisser au rang de président. Cette implication annonce une rupture totale avec l’image des jeunes très peu soucieux des élections. C’est une rupture, qu’on espère définitive, avec l’image de cette jeunesse qui balaie toute la classe politique. Et voici que les jeunes ont dit leur mot en propulsant Kaïs Saïd au palais de Carthage. Un fait dont les politiciens doivent tirer la leçon. A savoir qu’il faut écouter cette jeunesse qui vit dans un malaise de désenchantement et de désillusion post-révolutionnaires.
Kaïs Saïd aurait su écouter cette jeunesse. Et pourtant, le candidat est loin d’être jeune. Il est, également, déconnecté du monde des TIC, des réseaux sociaux et de toutes les expressions sociales de la jeunesse.
Pour certains, ceci est une autre leçon que la classe politique tunisienne devrait apprendre. Et un cas d’école digne d’être enseigné en sciences politiques. Pis encore, l’assistant de droit constitutionnel a même refusé le don de l’Etat (100 mille dinars), pour mener sa compagne comme il se doit.
Lors de son intervention, dans le cadre du débat télévisé, Kaïs Saïd a déjà avancé qu’il a pu convaincre les jeunes par le bien-fondé de son programme. A partir du moment où un leader ou candidat à la présidentielle parvient à convaincre une partie du peuple, le projet, porté à bout de bras par des électeurs, se transforme en force puissante.
En effet, Kaïs Saïd a pu mobiliser à ses côtés plusieurs familles politiques. Cette qualité de personnalité politique fédératrice était une valeur ajoutée et un fer de lance pour Kaïs Saïd. L’hétérogénéité a plaidé en sa faveur. Cette hétérogénéité avancerait que Kaïs Saïd est le candidat de plusieurs catégories politiques et sociales.