Les jeux sont faits. Les urnes ont assuré la victoire du candidat Kaïs Saïed. Il est appelé, dans le cadre de son mandat présidentiel, à répondre aux défis de la conjoncture et à prendre acte des attentes des citoyens, en ce qui concerne la précarité, le chômage, le pouvoir d’achat, la valeur du dinar…
Le nouveau président n’a pas, il est vrai, annoncé de programme. Mais il a affirmé qu’il prendrait acte des demandes des citoyens et qu’il appliquerait leur programme, suite à son slogan : “le peuple veut”. Ce qui confirme, d’ailleurs, le respect des mots d’ordre de la révolution : liberté, dignité, travail.
Dissipant les malentendus, suite aux surenchères de ses soutiens radicaux, il a affirmé, son respect des engagements de l’Etat. Mais pourrait-il mettre fin aux dérives de certains groupuscules, soucieux de restaurer le climat de 2011-2013, des attaques des médias et de la condamnation des loisirs et des créations artistiques ?
Jeunesse : le mot clé
Ennahdha a fait le pari sur sa candidature ainsi que la coalition Karama. Mais comment concilier la défense de leurs exigences avec la vision de la jeunesse, qui a défendu sa candidature et organisé sa campagne? Pourrait-il occulter son discours sur la jeunesse et négliger ses attentes ?
Le nouveau président Kaïs Saïed a évoqué sa volonté de traiter la crise socioéconomique, de prendre en compte la question du panier de la ménagère. D’ailleurs, son concurrent lors des élections, a été le lanceur d’alerte, sur la question de la pauvreté.
Or, le régime tunisien, fortement endetté, n’a pas les moyens d’assurer les financements requis. D’autre part, pourrait-il, dans ces conditions, affirmer l’autonomie de sa décision et se libérer des propositions du FMI et faire valoir ses exigences avec l’Union Européenne? Comment d’ailleurs prendre ses distances des alliés idéologiques de Ennahdha ?
Fait évident, le régime quasi parlementaire de la Tunisie réduit les prérogatives du président.
Le vécu et le quotidien dépendent du gouvernement, issu de la majorité parlementaire. Outre la question de la sécurité et des affaires étrangères, le président peut exercer des blocages.
Peut-il s’accommoder de la majorité parlementaire de fait et réussir à lui imposer ses vues ? Quelle serait la nature de sa coalition avec les courants dominants au Bardo?