Faouzi Ben Abderrahman, ancien ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, donne son point de vue quant à la composition du gouvernement, mais aussi ses impressions du discours de Kaïs Saïed.
Faouzi Ben Abderrahman souligne dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com: « A mon avis, il s’agit d’un discours rassurant. Aujourd’hui, la moralisation de la vie politique est non négociable.
Et d’ajouter: « Je pense que nous avons besoin d’un président qui peut rassembler les partenaires sociaux. Par contre, ce qui m’a désolé est qu’il n’ait pas rendu hommage même brièvement au fondateur de l’Etat tunisien, le leader Habib Bourguiba, ou un clin d’oeil à Béji Caïd Essebsi, qui est tout de même un président élu au suffrage universel. »
Par ailleurs, indépendamment du discours de Kaïs Saïed, il est important de savoir quelles sont les priorités? A cette question, il a répondu qu’elle est économique car elle répond à une question toute simple. Il estime que l’économie tunisienne est capable de faire vivre seulement 4 millions d’habitants et qu’il va falloir inclure les autres 7 millions de Tunisiens.
A ce sujet, il renvoie la balle dans le camp des partis politiques qui vont gouverner : « Ils devront nous indiquer comment bâtir une économie capable de faire vivre le peuple tunisien dans sa totalité et comment atteindre un PIB de 250 milliards de dinars », dit-il.
Le PIB aujourd’hui est estimé à 100 milliards de dinars
Il ajoute: « Le PIB aujourd’hui est estimé à 100 milliards de dinars. Comment peut-on faire pour arriver à 250 milliards et à quelle échéance ? C’est la réponse que les partis politiques doivent donner aux Tunisiens ».
Face aux enjeux socio-économiques, M.Ben Abderrahman revient sur les discours des populistes. Ils prétendent que la Tunisie nage dans le pétrole, ou encore que les richesses de la Tunisie sont spoliées, ce qui n’est pas vrai « , renchérit-il.
En outre, il faut apporter des réponses concrètes et économiques, en posant les bonnes questions: comment créer de la richesse et quels sont les mécanismes de sa redistribution pour que le peuple tunisien arrive à vivre dans la dignité ? Sachant qu’un tiers de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté ?
Par ailleurs, si on prend à titre d’exemple le taux de pauvreté, Faouzi Ben Abderrahmane estime qu’il est inacceptable qu’on arrive à un taux de pauvreté de 30%, alors que l’INS n’a jamais voulu le publier. Car le terme de pauvreté renseigne principalement sur le niveau de revenus. Mais aussi la qualité des services publics fondamentaux fournis tels la santé, l’accès à l’éducation et le transport. Et ce taux de pauvreté renseigne également sur l’inclusion sociale dans son ensemble.
Sur le volet politique, Ennahdha devra-t-il gouverner seul?
A cette question, Faouzi Ben Abderrahman réaffirme « Je pense que Ennahdha devra gouverner tout seul et non derrière les rideaux.
Et d’ajouter: « Comme le veut la Constitution et c’est totalement légitime que Rached Ghannouchi soit le chef du gouvernement. Et c’est tant mieux parce que là on va discuter programme contre programme, il n’y aura pas de faux débat ». Selon lui, il faut arrêter les consensus qui ne mènent nulle part.
Il conclut: « J’appelle Ennahdha qu’il aille de l’avant et qu’il forme un gouvernement capable d’aller au bout des programmes qu’il va proposer ». Ils veulent arrêter les contrats relatifs au sel et au pétrole qu’ils le fassent. Ils veulent faire de la Turquie le premier fournisseur du pays qu’ils le fassent. Au bout du compte si’ils échouent, ils seront sanctionnés par les urnes. C’est le principe du jeu démocratique ».
Totalement faux. Avec des personnes compétentes honnêtes et bonne gestion, on peut faire vivre le double de la population actuelle.