71% des PME continuent à percevoir l’administration publique comme un obstacle sévère, majeur ou modéré. Tel est, entre autres, l’un des chiffres les plus frappants de la quatrième édition de l’enquête auprès des PME sur la réforme de l’administration. D’ailleurs, dans la troisième édition de l’enquête (2017), le taux était de 79%. Malgré la baisse, le taux demeure élevé. Zoom sur les problèmes des PME.
En effet, cette enquête n’est pas sans soulever un certain nombre d’inquiétudes. Il est à noter qu’elle est commandée par le Centre des jeunes dirigeants. Et menée par le bureau de sondage One to one. Elle a bénéficié de l’appui de l’ONG Konrad Adenauer Stiftung.
Et ce n’est pas uniquement cela. Les résultats montrent aussi qu’aucune administration n’a atteint un score de 70/100. L’enquête considère qu’à partir d’un score de 70/100 on parle d’un bon score. Lueur d’espoir : le BNEC se distingue par rapport aux autres administrations avec un score de 67/100.
Lutte contre la corruption dites-vous !
Les incitations à la corruption par les administrations publiques ont augmenté selon les dirigeants des PME. Pour s’approcher des niveaux de 2017, après avoir considérablement baissé en 2018. Les incitations à la corruption concernent les secteurs suivants : les opérations de contrôle, lors de la participation aux marchés publics. Pour l’accès aux services ou pour les opérations d’import/export.
En effet, 28,8% ont été sollicités dans, au moins, l’une des opérations citées ci-dessus contre 20,9% en 2018. Les résultats affirment que 21% de ces incitation à la corruption sont au niveau des opérations d’import / export. 19,4% pour l’accès à un service public. Et 14,9% quand il s’agit de participer ou gagner un marché public.
Sur un autre volet, l’enquête dévoile que 41% des PME considèrent que la priorité en matière de réformes pour l’administration publique est la digitalisation. 23% estiment que la priorité en matière de réformes devrait porter sur l’amélioration de la qualité de services et 18% considèrent que la priorité en matière de réformes de l’administration est la transparence des procédures.
Pour mesurer le degré de satisfaction des PME des administrations, One to One s’est basé sur cinq critères. Il s’agit de :
- La rapidité du service
- La clarté des procédures
- La digitalisation
- La qualité de l’accueil
- L’efficacité
En effet, la majorité des entreprises se disent satisfaites par les services des administrations suivantes :
- BNEC (Bureau National de l’Emploi des Cadres)
- INNORPI (Institut National de la Normalisation et de la Propriété Industrielle)
- APII (Agence de Promotion de l’Investissement et de l’Innovation)
- Banque Centrale
CEPEX (Centre de Promotion des Exportations)
Commentant le classement, Youssef Medded, DG de One to One, affirme que le BNEC rafle la première position avec une évolution confirmée d’une vague à une autre. Soit une évolution de 11% depuis 2017. D’ailleurs, le BNEC était quasiment ex aequo avec les Recettes des Finances, en première position l’année dernière.
L’INNORPI enregistre cette année une amélioration et se rapproche ainsi de sa position initiale de 2017. Rappelons qu’elle avait considérablement reculé l’année dernière suite à un changement des procédures, lié au guichet unique.
L’APII, la Banque Centrale et le CEPEX se positionnent à la troisième place avec des scores très proches.
Lors de son intervention, Imed Karoui, membre du Bureau exécutif du CJD, a affirmé que la Tunisie fait face à la globalisation. De ce fait, l’innovation doit être la règle dans le challenge mondial. Par ailleurs, il rappelle que le CJD et d’autres organisations ont réclamé des réformes rapides mais en vain.
Il affirme dans le même contexte que les administrations tunisiennes doivent évoluer et suivre la cadence des transformations et des évolutions technologiques qui se font dans le monde. Et de considérer que la réforme de l’administration est à la fois urgente et prioritaire. Il a rappelé, entre autres, la régression de la Tunisie dans le classement Doing Business de 2010 à 2019.
Par ailleurs, le président du CJD Moez Ghali a exprimé son inquiétude quant aux résultats de l’enquête, notamment en ce qui concerne le pourcentage de la corruption. Pour lui, il s’agit d’un indicateur qui n’est pas de nature à encourager les entrepreneurs.
L’échantillon de l’enquête concerne 500 responsables et chefs de petites et moyennes entreprises tunisiennes. Le personnel de ces entreprises ne dépasse guère les 200 personnes. One to One a mené l’enquête du 17 octobre au 06 novembre 2019. Il a souligné entre autres que les entreprises interrogées ont eu affaire à des administrations publiques pendant les derniers 12 mois.