Voir une forte présence des femmes dans le paysage politique c’est loin d’être gagné. D’ailleurs, cela ne sera le cas ni au Parlement ni même au prochain gouvernement. Avec ce désenchantement du faible taux de participation des députées femmes ( 24%) à l’ARP, il semblerait que la scène politique se masculinise de plus en plus.
Leila Chettaoui analyste politique et ancienne députée de la Coalition nationale revient sur la présence des femmes au Parlement, dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com, en soulignant que cela risque de se reproduire notamment avec le prochain gouvernement.
D’ailleurs, elle se pose la question de savoir si les partis politiques vont imposer la parité en termes de représentativité dans les prochains jours. Elle précise dans ce contexte : « Est-ce que nos partis et nos barons de la politique vont avoir l’intelligence de surfer sur la vague. A eux de choisir… ». Elle ajoute: « L’avenir de la Tunisie sera femme.
L’avenir de la Tunisie sera femme
Selon elle, les chefs de parti, présidents de groupes parlementaires, Président du Gouvernement ou Président de la République pourront soit s’inscrire dans la mouvance et anticiper la vague féminine en nommant des femmes à des postes de haute responsabilité. Et je cite des ministères régaliens comme celui de la Justice, de l’Intérieur, ou encore de la Défense, ou encore les Affaires étrangères, « soit ils feront partie des oubliés de l’histoire de ce magnifique pays », dit-elle.
Elle poursuit : « A cette date, je reste sceptique quant à l’intelligence sociale de nos hommes politiques. Car encore une fois, le conseiller à la sécurité du Président de la République est un homme, une seule femme est présidente de groupe parlementaire au parlement. Le conseil supérieur des forces armées présidé par le Président de République est entièrement masculin et le Chef du Gouvernement en charge de former le nouveau gouvernement après une semaine de rencontres n’a pas encore reçu de femmes ? Wait and see… Je garde encore espoir de m’être trompée et de leur dire chapeau bas Messieurs. «
Une faible représentativité des femmes
Rappelons que 50% des médecins sont des femmes, 40% des juges des femmes, 70% des étudiants sont des filles. Plus encore 57% des diplômés en sciences de l’ingénierie, idem pour la fabrication et la construction sont également des filles. Contre toute attente, on note une fois de plus une faible représentativité des femmes.
De son côté, Ahlem Hachicha Chaker, analyste politique, tire la sonnette d’alarme dans un post sur sa page dans les réseaux sociaux. Elle estime que la présence des femmes est en recul.
En outre, elle rappelle: « Un Président conservateur qui s’entoure d’hommes aux cheveux gris. Une Assemblée d’hommes aux cheveux gris. Un Chef de Gouvernement conservateur qui s’entoure d’hommes aux cheveux gris. En tout, trois cercles de pouvoir tournés vers le passé. Des institutions obsolètes et caduques. Ils se mettent hors de l’évolution démographique, des développements humains, des transformations économiques, et des pensées innovantes. Et on ose parler de progrès et d’avenir!
Elle conclut: « Le temps qu’ils sortent la tête de leur trou de sable où ils sont toujours d’accord entre eux, l’avenir sera fait sans eux. »
Le pays va mal quand il se masculinise de plus en plus, mais la grande question est de savoir si la société civile compte se mobiliser pour contrer ces stéréotypes qui ne devraient plus exister au 21e siècle ? Attendons voir.