Khawla Ben Aicha, une des dirigeantes du parti Machrou3 Tounes, revient sur le paysage politique mais aussi sur les difficultés de composer un prochain gouvernement dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com.
Khawla Ben Aïcha souligne: « Avec ce régime politique et ce mode de scrutin, nous serons encore et toujours condamnés aux quotas partisans, au copinage et à l’allégeance à la compétence et au mérite … »
Et de poursuivre: « Tel est malheureusement notre sort depuis l’instauration de ce régime politique hybride et cette loi électorale tout juste destinée à rendre le pays ingouvernable… »
Selon elle, l’image du prochain gouvernement sera très proche de ceux qui l’ont précédé : une coalition de 3/4 des partis qui se partageront les ministères. Et y nommeront les leurs ou encore l’éventuelle prochaine coalition réclamée par les ministères.
D’ailleurs, elle déplore que l’on parle peu de programmes, des réformes nécessaires, des profils justement attendus de chaque ministre dans le cadre d’une vision globale des priorités de ce prochain gouvernement.
Elle précise dans ce contexte: « On entend bien entendu revenir les slogans bateau de priorités tels que la lutte contre la corruption, la croissance économique, améliorer le pouvoir d’achat… Mais on n’omet de mettre en place un plan d’action clair, chiffré et détaillé dans la durée et les objectifs .. »
Par ailleurs, quid de la marge de manœuvre du nouveau chef du gouvernement désigné Habib Jemli ? Selon elle, elle reste réduite malgré sa détermination de ne pas céder aux caprices des partis, de « choisir » lui-même ses ministres ( qui ne sont autres que ceux que les partis lui proposeront ..) car il part désavantagé par la fragmentation de la nouvelle Assemblée, hétérogène et en partie populiste .. »
Elle ajoute: « A la lumière même de ce régime, Ennahdha arrivé en tête des élections législatives est dans son droit pour former le gouvernement. Mais sans majorité à l’Assemblée, il doit composer avec ses adversaires. »
Khawla Ben Aïcha: « Un manque de maturité au sein de la classe politique »
Autrement dit, la coalition la plus simple à gérer pour lui serait Ennahdha, Attayar et le mouvement du Peuple. Tout comme « 9alb Tounes » malgré les réticences annoncées de certains acteurs ..Mais cela peut bien entendu évoluer au fil des négociations… », dit-elle.
Mme Ben Aicha conclut: « Avec des équilibres politiques de plus en plus fragiles, une appétence au pouvoir montante, un manque de maturité au sein de la classe politique actuelle, le salut du pays viendrait d’un gouvernement de vraies compétences ayant une vision claire et non accablé par les partis politiques .. Or aujourd’hui, nous vivons encore dans le régime des partis … Vivement la 3ème République et un régime politique rationnel qui laisse le parti ayant remporté les élections gouverner et former librement son gouvernement « .