Soumaya Gharsallah-Hizem est chercheuse à l’Institut national du patrimoine (INP) et ancienne directrice du musée du Bardo. Lors d’un colloque sur « Le tourisme culturel : ce qu’il faut changer », elle a déclaré que la Tunisie compte 937 monuments historiques classés dispersés sur le territoire tunisien.
Selon elle, la situation actuelle du patrimoine et du tourisme culturel prête à l’amertume. Et d’ajouter que « 85% des musées et des sites archéologiques ouverts au public ne répondent pas aux standards internationaux. Même si c’est le ministère des Affaires culturelles qui en assure la tutelle ».
Le ministère des Affaires culturelles gère 38 musées publics. Dont 10 sont fermés au public. D’autres ministères gèrent 27 musées publics. Environ 50 musées privés et 24 monuments historiques ouverts au public dont 5 sont fermés pour travaux et 14 sites archéologiques ouverts au public.
En outre, parmi les problèmes, l’intervenante a cité l’absence de politique publique en matière de patrimoine, d’enquêtes et d’évaluation, les organigrammes obsolètes et la centralisation.
Dans ce contexte, elle a rappelé que depuis 2009, un projet de loi sur les musées pour les autonomiser et les rendre plus fiables attend d’être voté. « Même les plus grands musées comme le Bardo et Carthage ne sont toujours pas autonomes. Comment voulez-vous donc qu’on assure leur entretien et la qualité des services ? », s’est-elle interrogée.
La chercheuse a aussi cité l’absence de stratégie de communication. Elle a souligné que les musées et les monuments n’ont aucune visibilité sur les réseaux sociaux. Outre le manque de moyens humains et techniques. Et surtout de politique de gestion structurée.
« L’INP dispose de 52 chercheurs, 22 architectes et 6 ingénieurs pour gérer tout le patrimoine. Alors qu’il emploie 1500 personnes (recrutements sauvages et non ciblés) », a-t-elle dit.
Tounes Wejhatouna
Vladimir Rojanski, attaché de coopération à l’UE, a présenté le programme « Tounes Wejhatouna ». Programme d’appui à la diversification du tourisme, au développement de l’artisanat et à la valorisation du patrimoine culturel. Il a souligné que ce programme est actuellement en phase de démarrage. Il est financé à hauteur de 51 millions d’euros avec une contribution de l’UE de 45 millions d’euros. ce programme sera lancé officiellement au début de l’année prochaine. Sa mise en œuvre se poursuivra pendant 5 ans. Il vise à contribuer au développement économique durable et inclusif de la Tunisie.
En effet, le programme s’articule autour de trois grands axes. Le premier est la diversification et le renforcement de la qualité de l’offre touristique en collaboration avec la GIZ. Le deuxième consiste au renforcement des chaînes de valeur dans les domaines de l’artisanat et du design. Et enfin la valorisation du patrimoine culturel dans l’offre touristique.
E.M avec TAP
Bonjour,
Je tiens à préciser que les recrutements sauvages au sein de l’INP dont j’ai parlés concernent la période post-révolutionnaire et comme tout le monde le sait, c’est un phénomène qui a touché toutes les administrations tunisiennes. Les conservateurs n’ont pas été ignorés mais l’information les concernant a été omise. Les autres chiffres ont été recueilli sur le site de l’INP et l’AMVPPC.