Le droit à la santé est reconnu par la Constitution tunisienne et par plusieurs conventions internationales ratifiées par la Tunisie. Quels sont les enjeux éthiques quant à l’accès aux soins de santé ? Tel est le thème du débat de la 23ème conférence annuelle du comité national d’éthique médicale.
Même si on fait le diagnotic, les différentes enquêtes menées au cours des dernières années montrent des inégalités dans le secteur de la santé.
Moncef Belhaj Yahiya, ancien médecin major de la fonction publique et secrétaire général de l’Association tunisienne de Défense du droit à la Santé (ATDS) souligne que pour mesurer l’accès aux soins, à l’heure actuelle, d’autres indicateurs n’existent pas encore.
Selon l’INS, en Tunisie, on ne dispose comme indicateurs que de l’espérance de vie. Quant à la mortalité infantile, il s’agit de la mortalité jusqu’à un an. Ce qui montre que beaucoup de chemin reste à faire. Il estime qu’une réforme en profondeur du système de santé s’impose. Comme celui d’un engagement fort en faveur d’une politique de promotion de la santé et de prévention.
En outre, la mise en place d’un renforcement de la première ligne publique et la généralisation du système de la famille à l’ensemble de la population. Cela fait partie d’un des axes présentés par Dr Moncef Belhaj Yahya.
Pour une revalorisation de la médecine exercée à l’intérieur du pays
Autre élément présenté est celui de la revalorisation de l’exercice de la médecine spécialisée dans les régions de l’intérieur. Ainsi que la création de pôles interrégionaux de médecine spécialisée.
Tout comme il met l’accent sur l’importance de la réhabilitation de la médecine universitaire sérieusement malmenée au cours des dernières années. Et cela, par le départ des cadres vers le secteur privé et vers l’étranger. La crise financière des hôpitaux en est une des causes.
De son côté, Chokri Arfa, économiste de la santé, a abordé les enjeux éthiques de la couverture santé universelle CSU dans le contexte tunisien en s’appuyant sur les piliers du système de santé.
Dans ce contexte, il précise: “Nous discutons les enjeux avec ce que les éthiciens ont qualifié de compromis inacceptables” dans les choix politiques de santé liés à la CSU. A cet effet, les problèmes sont aussi d’ordre de financement, d’équité, et d’accès aux soins. «
Mais comment aborder la couverture sanitaire. Quels sont les services classés en trois catégories de haute priorité, moyenne et à faible priorité. Mais aussi comment réduire les paiements directs pour les faibles revenus et autres groupes défavorisés.
L’éthique et le dialogue sociétal
Au cours de ce colloque, les intervenants ont mis l’accent sur l’éthique et le dialogue sociétal. Agnès Hamzaoui, pneumologue, membre du comité technique du dialogue sociétal depuis 2013, revient sur la création du dialogue sociétal pour la santé. A ce niveau, elle estime que le dialogue avec les citoyens est primordial.
Elle revient également sur l’idée d’élaborer une politique pour arriver à des solutions. De ce fait selon elle, la vision du dialogue sociétal repose sur des valeurs, à l’instar du respect de l’autonomie, de la qualité, la transparence, l’équité en justice, la solidarité et la bienveillance.
D’où les défis importants qui sont encore à surmonter pour le DS. Pour la couverture de la Santé universelle, la définition du panier de service unifié nécessitera un choix de société. Car privilégier la promotion de la santé (le DS) a encore de grandes questions à débattre pour le droit à la santé.
Comment allons-nous prioriser quand la situation les mettra en conflit? Nous y reviendrons.