Une cinquantaine d’années durant, le commerce extérieur est demeuré prioritaire, absolument tout bénéfice, que nous manquâmes de le conduire avec prudence.
La règle basique, la promotion inconditionnelle des exportations conduit à l’accroissement des importations, fut négligée. Et voilà que l’on se retrouve aujourd’hui avec un commerce extérieur, import et export, qui converge vers le niveau critique des 100% du PIB. 100% du PIB, tout le PIB, toute l’économie.
Risque national n°1 : export + import ≈ 100% PIB
Avant 1970, selon les statistiques internationales de la Banque mondiale, le total de nos exportations et de nos importations, en biens et services, représentait en moyenne 33% du PIB.
Sur les 48 ans d’après, 1970-2017, cette moyenne a plus que doublé pour se situer à 83% du PIB. Particulièrement entre 2007 et 2014, huit exercices commerciaux nationaux successifs, les 100% PIB ont été dépassés.
Au-delà de 2017, cette tendance en taux PIB forts s’est confirmée. Il s’agit de considérer les risques et les enjeux complexes qui en découlent.
En la matière, c’est la géo-économie qui donne le meilleur enseignement. En effet, elle donne à voir que ce sont des caractéristiques singulières, la petitesse relative du territoire, l’enclavement, ou alors la défaveur en richesses naturelles, qui contraignent et obligent les pays à chercher leurs croissances économiques par un commerce extérieur poussé. Pour ces pays, qui sont en nombre réduit, les niveaux d’échanges, export + import, peuvent aller jusqu’au triple de leur PIB.
Inadéquation de contre-sens!
Ainsi vu, les taux PIB grandissants de notre commerce extérieur révèlent au fait une inadéquation de contre-sens avec les multiples ressources naturelles et humaines que détient la Tunisie.
Le poids, export et import, de plus en plus grandissant dans l’économie, devrait plutôt nous alerter. Cela montre que l’économie intérieure, ses activités et ses flux Dinar-Dinar, les richesses locales des entreprises et des gens en Dinars, tendent à s’amoindrir et à se tasser.
Soit un schéma économique implosif qui va, à son tour, produire des comportements économiques et des arbitrages encore plus défavorables au marché domestique et aux consommateurs locaux en dinar.
Les signes annonciateurs de crise se font lourds et visibles. Pour certains produits, en offres abondantes, le prix minimal devient souvent un enjeu d’influence arbitrairement médiatisé et où l’export se présente comme une exigence contre la baisse des prix.
Prenons produit par produit, service par service. Nous verrons aisément que l’offre commerciale locale se raréfie en quantité. Elle se dégrade en qualité. En correspondance, de contre-sens et d’inadéquation, les prix se font toujours plus forts et exagérément renchéris. Cela nous mets dans le schéma d’une crise, monétaire-commerciale, forte et implosive.
Le commerce extérieur : comment ne pas s’en sortir perdant ?
Le choix de l’ouverture commerciale est naturellement porteur de risques nationaux majeurs. Des hypothèses possibles telle que l’inflation qui augmenterait de 2 points en zone euro, un conflit armée qui se déclencherait en méditerranée, et le pays serait exposé à un risque évalué à un capital, en devises fortes, de 100% PIB. Soit environ 30 Milliards d’€ (≈ 30 billions $).
C’ aurait été une entreprise, aucun courtier sérieux ne lui assurerait un capital sinistre aussi énorme, en cieux, terres et mers, de 30 billions de dollar. Les pays, c’est presque pareil.
Des précautions et des sûretés bien réfléchies et équilibrées, tant d’ordre national qu’international, multidimensionnelles, qui sécurisent l’ouverture commerciale doivent donc se faire visibles et se mettre en place. Les plus urgentes et qui sont d’ordre national seraient :
Etablir un Budget commercial annuel
En premier lieu, il faudrait que le commerce extérieur dont il s’agit soit profitable. Converger vers 100% PIB avec une balance commerciale qui demeure, depuis 50 ans, toute conjoncture prix et cours confondues, toute loi et mesure en rapport promulguées, tout accord significatif signé, quasi déficitaire, ne relève ni du bon sens, ni de la bonne politique.
Nous gagnerons d’ailleurs à admettre que toutes nos crises socio-économiques précédentes ont trouvé commune origine dans ces déficits annuels cumulables. En effet, nous gagnerions à ne pas nous focaliser sur le déficit budgétaire comme si nous étions en Zone Euro : -3% PIB d’objectif. Nous devrons plutôt, en première priorité, s’atteler sur nos déficits commerciaux et des paiements. La BCT et le ministère du Commerce aideraient à établir un budget annuel publiable avec une Balance Commerciale, et des Paiements, obligatoirement de solde positif.
Suspendre les 30% sur le local
Nous gagnerions à lever l’autorisation réglementaire de laisser écouler sur le marché local 30% des productions des entreprises exportatrices. Cette mesure fait diminuer les flux devises entrants. Elle désavantage le consommateur local par l’écoulement sur son marché domestique, aux prix forts, des produits de moins bonne qualité ou de calibres moindres que ceux exportés. Cette mesure contribue significativement à l’inflation des prix. Elle ne sert pas le consommateur local et à terme, elle ne servira ni les entreprises offshore ni les entreprises onshore.
La Géo-monnaie : 1 Dinar = 1 DTS
Nous gagnerions à admettre que la dévaluation du dinar, que sa dépréciation, que son désalignement n’ont fait, et ne ferons, qu’amplifier le déficit commercial. L’objectif national optimal et absolu est de stabiliser le taux de change du dinar. La Géo-monnaie comparative montre que cela est possible. Au mieux, et c’est bien possible aussi, faire converger le change vers 1 Dinar = 1 DTS.
Taux Directeur de l’argent = 0
Nous gagnerions à suivre la politique monétaire, la plus appropriée actuellement pour l’économie tunisienne. Elle se montera autour d’un taux directeur dinar le plus bas possible, autour de Zéro.
L’économie intérieure, les richesses dinars, se valoriseront. Nous devons suivre nos taux du commerce extérieur pour les établir, adéquatement, sous l’optimal des 30% en PIB.