La 25e Conférence des parties sur le climat (COP25) ouverte à Madrid devrait être la « COP de l’action ». Il s’agira de faire passer en actes les engagements pris lors de l’accord de Paris (2015). 25 conférences et 25 ans après les premières promesses de lutte contre le changement climatique.
Malheureusement, la prise de conscience des implications du réchauffement climatique n’est toujours pas effective. Après le retrait américain de l’Accord de Paris, la Chine décidait de lancer de nouvelles centrales électriques au charbon.
Car, soucieuses de relancer leur économie, les deux grandes puissances économiques et commerciales sont les plus gros consommateurs d’énergie du monde. Elles continuent d’ignorer l’impératif de réduction des émissions de carbone.
A une toute autre échelle, la Tunisie, malgré l’urgence, cultive également un savant mélange de déni et d’immobilisme. Et ce, malgré l’activisme de certaines associations environnementales et autres scientifiques locaux. Faute de prise de conscience politique, ni la révolution, ni la transition n’ont réussi jusqu’ici à ouvrir de nouvelles perspectives en la matière.
La Tunisie au cœur de la crise climatique en Méditerranée
En effet, la Méditerranée fait partie des « hot-spots » mondiaux du changement climatique. La baisse des précipitations moyennes et l’augmentation des températures en été ont déjà pour conséquence une diminution des ressources en eau. De même qu’une sévérité croissante des sécheresses et des canicules.
A cet égard, un document de synthèse de plusieurs centaines d’études scientifiques présenté en octobre dernier, dans le cadre d’une Conférence de l’Union pour la Méditerranée (UpM) est pour le moins alarmant. La Méditerranée devient plus chaude de 0,4 °C par décennie depuis 1985 et s’élève de plus en plus rapidement.
Ainsi, le pourtour méditerranéen est la deuxième région du monde la plus impactée après l’Arctique. Elle s’est réchauffée de 1,5 °C depuis l’ère préindustrielle. Soit 20% plus rapidement que la moyenne mondiale. D’ici à 2040, la région devrait connaître une température plus élevée de 2,2 °C par rapport à la fin du XIXe siècle. Et même de 3,8 °C d’ici à la fin du siècle.
Dans ce contexte, la Tunisie se trouve déjà particulièrement frappée par l’érosion des côtes et des pollutions industrielles et par les phénomènes de stress hydrique. L’eau est aujourd’hui une contrainte pour la vie domestique et le développement.
Les secteurs clefs de l’agriculture, des mines, du tourisme, des industries textiles et chimiques, mettent les rares ressources naturelles– l’eau et les sols– sous pression. Ils génèrent des pollutions diverses et variées pour l’écosystème et les populations locales.
Un coût environnemental qui devrait motiver un débat sérieux sur la mise en place d’un nouveau modèle de développement économique du pays. Or celui-ci n’est toujours pas à l’ordre du jour de l’agenda politique.
L’action politique insuffisante
Si la conscience environnementale des Tunisiens ne cesse de croître, les conséquences de la crise économique et sociale tendent à relativiser la crise climatique. Les bonnes pratiques en matière de consommation d’énergie ou de gestion des déchets ne progressent guère. Les autorités ont elles-mêmes du mal à prendre les mesures à la hauteur du défi du changement climatique.
Certes, dans l’accord climatique de Paris, la Tunisie s’est engagée à réduire de 43% la production de CO2, avec un objectif de 30% d’énergie renouvelable d’ici 2030. Reste que ces objectifs s’avèrent irréalistes. Ils semblent relever d’une posture d’affichage qui contraste avec le volontarisme et l’action réels en la matière.
Au-delà des infrastructures lourdes illustrées par les projets des trois usines de dessalement en cours de construction (à Djerba, Zarat et Sfax), l’enjeu réside dans des réalisations ponctuelles et locales.
En effet, l’action publique devrait ici comme ailleurs s’appuyer sur l’engagement et l’expérience des associations environnementales. Pour rappel, le projet « Reverdir la Tunisie » lancé en 2013 motivé par un schéma d’exploitation agricole mieux adapté au changement climatique offre ici un bel exemple de ce qu’il convient de réaliser à grande échelle. En urgence….