Selon les statistiques du répertoire national des entreprises de l’INS, l’industrie du cuir et de la chaussure compte 2692 entreprises toutes tailles confondues.
Ainsi, l’industrie du cuir et de la chaussure contribue à la production manufacturière tunisienne à hauteur de 2%. Elle emploie environ 25.000 salariés. Soit près 5% des emplois salariés manufacturiers.
De plus, la balance commerciale du secteur est excédentaire avec un ratio de couverture des importations par les exportations de 132% en 2017.
Insuffisances du secteur ICC
Cependant, malgré ces indicateurs positifs, l’industrie du cuir et de la chaussure souffre de plusieurs maux. Il s’agit notamment d’un manque de disponibilité et de niveau de qualité insuffisant des matières premières et de la main-d’œuvre qualifiée. En outre, le marché local est marqué par l’intensification des importations bas de gamme et le commerce informel (y compris celui de la friperie).
Ces problèmes, conjugués à la conjoncture économique difficile qu’a connue le pays après la révolution, se sont traduits, depuis 2011, par la fermeture de plusieurs unités industrielles et par la perte de quelques milliers d’emplois.
Quelle démarche pour booster le secteur ICC ?
Alors, dans le cadre du développement de ce secteur, le Centre National du Cuir et de la Chaussure (CNCC) vient de finaliser (octobre 2019), une étude stratégique. Elle fixe des objectifs ambitieux.
Au niveau quantitatif, à l’horizon de 2030, les principaux objectifs consistent à :
- Doubler les exportations du secteur pour atteindre environ un Milliard € en 2030 ;
- Passer de 1,8% en 2017 à 2,5% en 2030 des importations de l’UE réalisées auprès de pays extra-UE;
- Augmenter la couverture totale de l’industrie cuir et chaussure de 136% en 2018 à 172% en 2030 ;
- Créer plus de 20 000 emplois, soit une augmentation des emplois du secteur de plus de 50% ;
- Créer 100 nouvelles entreprises de 10 emplois et plus.
Au niveau qualitatif, les objectifs de la nouvelle stratégie visent à :
- Préserver et valoriser au mieux les ressources locales en peaux;
- Améliorer la valeur ajoutée de la filière en intégrant / renforçant les opérations de finissage du cuir, fabrication locale d’accessoires et de matières synthétiques, passage de la sous-traitance à la cotraitance et au produit fini, de la sous-traitance tige à la sous-traitance chaussure;
- Lutter contre les pratiques déloyales d’importation et de commercialisation de produits finis;
- Promouvoir l’image de l’industrie locale auprès des consommateurs tunisiens et augmenter sa part sur le marché intérieur.
Orientations stratégiques
En effet, pour atteindre ces objectifs quantitatifs et qualitatifs, les orientations stratégiques à adopter seraient de :
- Organiser les activités de tannage et renforcer le contrôle pour éviter l’export de peaux brutes et du wet-blue;
- Lutter contre les pratiques déloyales d’importation et de commercialisation de produits finis;
- Préserver et valoriser au mieux les peaux locales;
- Mettre à niveau les tanneries et développer leur valeur ajoutée;
- Améliorer la compétitivité des entreprises et les accompagner dans l’augmentation de leur valeur ajouté;
- Favoriser l’intégration locale de la fabrication d’accessoires et de matières synthétiques;
- Promouvoir l’image de l’industrie locale, notamment des marques locales sur le marché intérieur et à l’étranger;
- Diversifier les exportations;
- Adapter et perfectionner le dispositif de formation initiale;
- Faciliter l’accès aux outils de financement de la formation continue;
- Renforcer les capacités du Centre National du Cuir et de la Chaussure et la profession (Fédération Nationale du Cuir et de la Chaussure);
- Faciliter l’accès au financement;
- Mettre en place un dispositif de gouvernance efficace et prévoir les ressources nécessaires pour la mise en œuvre du plan de relance du secteur.