Le Forum Bancaire Maghrébin sur le thème « Digitalisation et inclusion financière au Maghreb » du 20 décembre 2019 à Tunis s’est déroulé sous le haut patronage de Marouane El Abassi, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie.
Marouane El Abassi a déclaré avoir été bluffé par le discours de la jeune lycéenne Ela Ben Saad présente aux journées de l’Entreprise de l’IACE. Il a compris sa demande. Et espère ainsi annoncer prochainement un moyen de paiement international.
Ela Ben Saad: « La réglementation bancaire n’est pas en adéquation avec les demandes des jeunes »
« Ela nous a dit clairement que la réglementation bancaire n’est pas en adéquation avec les demandes des jeunes. Ces derniers veulent développer leurs expertises et accéder à l’effort de création de richesse au niveau du pays. Vous avez une réglementation qui est très complexe et un système de financement qui est très difficile. Cette lycéenne m’a interpellée en me disant qu’elle ne peut pas exporter les applications qu’elle crée. Et ce, à cause du manque d’accès à Paypal. »
Il rajoute que 9 ans après la révolution, l’inclusion financière n’a pas été au rendez-vous. La croissance dans les années 2010 n’a été profitable qu’à certains hommes d’affaires.
Marouane El Abassi: « Nous avons eu le même Ministre des Finances, Ridha Chalghoum, en 2010, et aujourd’hui »
« Les chiffres macroéconomiques de 2010 sont éloquents. Nous avons eu le même Ministre des Finances, Ridha Chalghoum, en 2010, et aujourd’hui. Et pourtant en 2010, le déficit budgétaire était presque nul. L’inflation à 2%. Le déficit de la balance courante était à peu près à 2%. Des réserves en devises à plus de 150 jours. Et un taux de croissance qui avoisinait les 4-5%. Cette croissance a beaucoup plus profité à une certaine catégorie d’hommes d’affaires. Mais depuis, il y a eu entre temps un déficit énorme en terme d’éducation financière. Sans oublier la formation de milliers de jeunes qui sont devenus aujourd’hui chômeurs ».
De plus, Marouane El Abassi ne comprend pas pourquoi l’interopérabilité tarde encore à venir. Alors que la circulaire des établissements de paiements est déjà prête.
« Aujourd’hui, nous sommes en train de développer cet écosystème autour des établissements de paiement. Et ce, avec les sociétés de télécommunications et les banques. En effet, certaines banques ont compris l’importance et y participent. Mais d’autres veulent faire cavaliers seuls et cela n’est pas bien. »
D’après lui, le manque de coopération de certaines banques est très néfaste car elles créent du « Bruit ».
« Une fois que nous avons convenu que dans 6 mois l’interopérabilité serait opérationnelle. Personnellement, je m’attendais d’ici la fin de l’année d’avoir l’interopérabilité. Et d’avoir HPS fonctionner correctement. Or, aujourd’hui, j’apprends que ça va prendre trois mois supplémentaires. A la Banque Centrale, nous avons des deadlines à respecter! »
Enfin, il annonce avec fermeté l’organisation d’une réunion au sein des locaux de la Banque Centrale. Et ce, pour comprendre les couacs intervenus autour de cette interopérabilité.
« Lorsqu’on m’a demandé l’année dernière d’établir la circulaire des établissements de paiements nous l’avons réalisée. Aujourd’hui, 6 ou 7 établissements de paiement vont être agréés. Et 3 d’entre eux vont commencer dans 3 ou 4 mois. Mais si la technologie ne suit pas, nous allons faire face à de véritables difficultés. La semaine prochaine, une réunion sera tenue à la Banque Centrale pour qu’on m’explique pourquoi ça n’avance pas. Et pourquoi à cette fin de l’année 2019. Nous n’avons pas encore cette interopérabilité. »