La diplomatie en Tunisie a toujours mis l’accent sur la neutralité. Alors, que penser de la visite du président turc Recep Tayyip Erdoğan en Tunisie? Qu’en pense le mouvement Ennahdha?
Moez Belhaj Rhouma, député d’Ennahdha à l’ARP souligne dans une déclaration à leconomistemaghrebin: « Le président turc Erdoğan est le bienvenu pour commencer. Quant à la question du dossier libyen et de sa visite, nous devons tenir compte du fait que le problème libyen nous concerne comme Tunisien parce qu’on est à la proximité. Et toutes les décisions qui peuvent être prises depuis 2011 à ce jour n’ont rien donné ».
Selon Moez Belhaj Rhouma, la visite d’Erdogan se pose dans ce contexte. Il indique: « On est ouvert dans toute discussion protégeant notre pays. Et cela va nous donner la possibilité d’aller vers un processus de paix en Libye. »
« La Tunisie devra jouer un rôle pour encourager la paix en Libye »
Pour ce qui est de l’annonce d’Erdoğan que la Tunisie soutient le gouvernement de Sarraj, il répond: « Je n’ai pas écouté ce discours. Je pense que tous les Tunisiens sont d’accord que la Tunisie devra jouer un rôle pour encourager la paix en Libye ».
Et de poursuivre: « Cela dit, si on doit parler de l’intervention turque, on doit aussi parler de l’intervention de l’Egypte, des Emirates, de la Russie qui existe réellement en Libye. Si on va prendre une décision, nous devons tenir compte de ce qui se passe. Mais s’il y a un déséquilibre provoqué par des interventions extérieures comme celle de la Russie et l’Egypte présents en Libye, pour nous cela pose un problème. Et on doit le revoir autrement. »
Il ajoute: « Autrement dit, si on proteste de la présence de la Turquie en Libye, nous devons protester de la présence de la Russie en Libye ».
Cependant, notons que la diplomatie tunisienne a toujours joué la carte de la neutralité. Alors pourquoi prendre une position? Et cela servira-t-il à quelque chose?
A cet égard, M. Rhouma insiste sur le fait que c’est au président de la République d’en décider. Dans ce contexte, il précise: « Il joue un rôle important dans le dossier libyen. Mais, il faut tenir compte de tout accord, toute position qui jouera un rôle dans le sens de garder la paix entre les Libyens. Et nous les encouragerons toutes. »