L’année 2019 est aussi l’expression d’un grand malaise social en Tunisie. Les chiffres approximatifs de plusieurs rapports du Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES) affirment que la Tunisie a connu à peu près 9746 mouvements sociaux et 257 suicides et tentatives de suicide. Et ce, de janvier à novembre 2019.
D’ailleurs, le FTDES n’a pas encore publié le rapport du mois de décembre. Autrement dit, le bilan va enregistrer une hausse. D’après la cartographie des mouvements sociaux, les mouvements de protestation ont touché tous les gouvernorats tunisiens. Les régions défavorisées sont en tête du classement. En ce qui concerne les gouvernorats favorisés, force est de constater que les protestations ont eu lieu dans ses localités et ses patelins et non pas aux centres des gouvernorats. De ce fait, les mouvements sociaux traversent cette année de bout en bout.
Le premier fait, les protestations ne sont pas uniquement liées aux augmentations salariales et des primes. Et à l’instar des revendications de la fonction publique et du secteur public. D’ailleurs, les manifestants protestent et barrent la route pour revendiquer des droits garantis par la Constitution.
Et ce, à l’instar de l’accès à l’eau. Les protestations atteignent leur point culminant en été notamment au bassin minier. La faiblesse de l’infrastructure de la santé publique dans les régions alimente les protestations. Il convient de rappeler que la majorité des hôpitaux dans les régions défavorisées enregistrent un manque flagrant de médecins spécialistes (surtout les gynécologues) et de scanner. De ce fait, il faut comprendre que les augmentations salariales et la titularisation ne sont plus les seules revendications des populations défavorisées. Les manifestants expriment leur mécontentement à travers des moyens pacifiques et parfois à travers d’autres formes violentes. En passant d’une marche pacifique à la confrontation avec les forces de l’ordre.
Deuxième fait marquant. Les protestations deviennent de plus en plus spontanées. Autrement dit, les protestataires n’attendent plus les organisations syndicales et les activistes de la société civile pour les encadrer. Ils s’organisent d’eux-mêmes pour faire entendre leur voix. Il va sans dire que l’absence de l’encadrement des mouvements sociaux peut provoquer la montée de la violence. Pour cette raison, nous avons assisté à plusieurs scènes violentes.
Troisième fait marquant. Tous les gouvernements successifs ont eu recours au rafistolage pour étouffer la voix des protestataires. Aucune stratégie concrète n’a été mise en place qui prenne en considération le développement régional et le droit à une vie digne. Tout porte à croire que le prochain gouvernement devra se procurer une baguette magique pour résoudre les dossiers sociaux brûlants qui ne sauraient attendre.