Adieu Si Slah. Vous étiez à la fois l’ami, le collègue et le patron. Le sort a voulu que vous rejoigniez précocement et subitement les deux autres grands noms du journal « La Presse » : Mohammed Mahfoudh et Abdelhamid Gmati.
Cependant, je vous ai connu bien avant que je n’intègre le journal. Je vous ai connu Si Slah dans les années 1972 et 1973. Quand vous étiez étudiant à la Faculté de droit et je m’en rappelle comme si c’était hier. Toujours accompagné de votre fiancée, étudiante elle aussi à la même Faculté, devenue votre épouse et mère de vos enfants, vous entriez à la buvette de la Fac discrètement. Vous la quittiez tout aussi discrètement après avoir bu vos cafés pour rejoindre les cours ou la bibliothèque.
Puis, j’avais eu le plaisir et l’honneur de faire partie de l’équipe de « La Presse » que vous dirigiez. En tant que rédacteur en chef d’abord et en tant que PDG ensuite. Votre passage du bureau du rédacteur en chef au 4e étage à celui du PDG au 3e n’a en rien affecté votre comportement ou votre attitude envers nous. Vous gardiez la même bonne humeur et le même caractère affable, aimable, courtois et prévenant, mais exigeant. PDG, vous montiez souvent à la rédaction pour commenter une information ou discuter du titre ou de la photo de la « UNE ».
De même, vos passages à la RTT, au ministère du Tourisme, à notre ambassade à Ryadh ou encore à l’ASBU ne vous avaient pas changé non plus. Nous vous considérions toujours comme l’un des nôtres et vous nous considériez comme vos collègues. Vous le prouviez très chaleureusement chaque fois que nous nous rencontrions.
En effet, jovial, vous ne ratiez pas l’occasion de taquiner l’un ou l’autre d’entre nous. Les réactions spirituelles ou inattendues à vos taquineries provoquaient vos éclats de rire célèbres et communicatifs qui semaient la joie dans la rédaction.
Rédacteur en chef et PDG, vous étiez respecté et aimé de tous, journalistes, techniciens et personnel administratif. Tous, nous vous vouions respect et amitié. Non pas par calcul ou par flagornerie, mais parce que les méritiez amplement.
Et la dernière fois que je vous ai vu, c’était aux funérailles de notre ami Abdelhamid Gmati. Vous étiez comme d’habitude, affable et chaleureux. Vous m’aviez fait des remarques plaisantes sur mes articles que vous lisiez sur les pages de « L’Economiste Maghrébin« . Bien qu’elles aient quelque peu heurté mon sens de la modestie, vos remarques m’avaient rempli de joie et de fierté.
J’étais à mille lieues de penser que c’était la dernière fois que je vous voyais, tant vous respiriez la bonne santé et la joie de vivre. Le sort en a voulu autrement. Ne dites rien à nos amis qui vous avaient précédés. Ne dites rien à Moussa Farhat, Hassan Mekki, Chérif Arfaoui, Abdelhamid Gmati et les autres. Et ne leurs dites rien de la situation cauchemardesque dans laquelle vous avez laissé la Tunisie. Inutile de perturber leur repos éternel.
Adieu l’ami, on t’aimait bien. Adieu Si Slah, repose en paix.