En apesanteur, ou comment faire pour ne peser en rien… La Turquie maîtresse du ciel, de la mer, et bientôt de la terre en Libye. Mais qui s’en soucie vraiment à part les Libyens eux-mêmes et ce diable de Haftar qui menace et prévient? De Saïed à Ghannouchi, retour sur les déclarations de la semaine.
A Tunis, on a déjà fait le choix, alors, on accueillera Sarraj comme il se doit, et advienne que pourra! Cela fait longtemps que la Libye de demain nous est passée sous le nez. Pourquoi et comment? Allez savoir.
On continue à dire que le marché libyen est à nous, comme pour cette Afrique qui s’offrirait à nous. Comme si Libyens et Africains n’attendaient que les Tunisiens, plus que jamais paresseux, pour bien partir. Aller en campagne, on n’entend que cela. Comment et avec quoi? Dieu seul le sait.
Il est à la fois exaspérant et désespérant de voir comment les Tunisiens sont dithyrambiques quand il s’agit de parler d’eux-mêmes. Il y a bien des gens dans ce pays qui aimeraient bien voir la Libye voisine basculer et tomber dans l’escarcelle d’une Sublime Porte revisitée par les bons soins d’un Erdogan qui n’en démord pas, malgré tous ses déboires. Son représentant à Tunis est tout sourire…
Position d’apesanteur
Le nouveau bey est là pour servir. L’allégeance d’abord, pour la souveraineté, on verra par la suite… Cela me fait enrager d’entendre dire par la bouche du soldat B’hiri, l’ancien Garde des Sceaux de la Troika, que tout parti qui entrave les travaux du parlement et veut détruire les institutions de l’Etat, doit être dissous. Rien que ça! Du B’hiri tout craché. Quand Noureddine rencontre Abir… Insoutenable, cette légèreté revendiquée et pleinement assumée. On le vaut bien semblent dirent les Tunisiens.
Insensée, cette position d’apesanteur dans laquelle semblent se complaire les habitants de ce pays. Comme si consciemment ou inconsciemment, ils voulaient rester suspendus dans une forme de vide devenu trop difficile à combler.
Ahurissant, ce mépris vis-à-vis des autres. Pourquoi faudrait-il se résoudre à ce que ce soit toujours des doublures dépourvues de tout pouvoir et de tout charisme, auxquelles on donne pour mission de lutter contre un feu qu’elles sont incapables d’éteindre? Entre la voix tonique du président Saïed, et la petite voix du président Ghannouchi, peut-il y avoir une troisième voie?
L’être et le néant, écrivait Sartre. Entre les deux, le choix n’est pourtant pas difficile… Il faut bien que les Tunisiens arrêtent de se faire violence!
L’Etat c’est moi… Je n’ai jamais vu un président de parlement recevoir autant de visiteurs, et dépasser en nombre le président de la République qui, pourtant, n’est pas en reste. Depuis neuf ans que M. Ghannouchi s’applique méthodiquement à en saper les fondations, que je ne suis pas tout à fait certain que l’Etat existe encore.