Au diable les affaires de la cité, au diable la prospérité partagée et au diable la conscience et ses tourments.
Comme si on voulait que les choses restent en l’état, et au mieux, deviennent pire. An dix de la révolution, et il y a des Tunisiens qui rêvent encore du temps idyllique de l’islam conquérant et rayonnant. Mais allez empêcher l’imaginaire de travailler !
An dix de la révolution, et ce froid qui s’installe pour mettre les nouveaux maîtres du pays face à leur faillite. Ce n’est certainement pas avec une croissance à presque zéro chiffre, que l’on va espérer remettre en ordre les choses de l’économie et des finances, et apporter le progrès et le bien-être là où ils manquent le plus.
Et ce n’est sans doute pas avec des paroles en l’air que l’intérimaire Youssef Chahed va nous convaincre de son lamentable bilan, même si sa loi de finances 2020 a réussi sans encombre à passer le cap.
Et c’est à se demander à quoi ont pensé les 127 députés qui ont appuyé sur le bouton pour dire oui à un projet fortement contesté dont je doute qu’ils aient pu comprendre quelque chose à son arithmétique ? Ont-ils pensé à l’intérêt de ceux qui les ont élus, ou bien, ont-ils fait prévaloir le seul intérêt de leur parti et, partant, celui de la Confrérie ? Et puis, nul besoin de se perdre en conjectures pour savoir à quoi pensent nos chers députés quand il leur arrive simplement de penser : au passeport diplomatique voyons, comme si c’était la meilleure chose à faire en ce début de législation.
N’est pas Bourguiba qui veut !
J’ai du mal à imaginer un Said Jaziri ou un Seifeddine c, pour ne citer que ces deux là, voyager avec un sésame qui n’en est pas un en fait, et j’en sais quelque chose…Kaies Saied, et toujours cette propension des Tunisiens à vouloir coûte que coûte s’identifier à un homme jusqu’à le sanctifier au prétexte qu’il serait providentiel, voire divin. On l’a bien vu à Sidi Bouzid. N’est pas Bourguiba qui veut.
Et puis, que fait de vraiment sérieux le champion toutes catégories des sondages, à part déplacer le portrait de l’ancien maître des lieux ou demander à ce que le coût du pèlerinage soit moins onéreux ?
A ce point encombrant, Habib Bourguiba ? Le 6 avril prochain, vingt ans auront passé depuis sa disparition, et ceux qui lui en veulent à mort, n’ont pas encore vidé tout leur soûl et continuent à sonner à sa porte en frappant. Rabaa, la Zaket et le temps idyllique, cela ne fait que commencer !
Des femmes, beaucoup de femmes dans le prochain gouvernement, a promis Habib Jemli… Mais pourquoi faut-il croire que quand les femmes pensent, c’est forcément aux hommes ! Manipulatrices perfides nos douces moitiés ?
Il faut aller le demander à tous ces enseignants de la foi, qui, quand ils pensent, c’est toujours aux femmes. Que dans un contexte de ferveur religieuse nourrie par des discours enflammés sur une religion qui serait menacée, une directrice très avisée d’un foyer universitaire pour filles, décrète que les pensionnaires n’ont pas à converser avec les garçons devant l’entrée des lieux, au prétexte de les protéger des braquages, cela vous donne une idée du « Mâle » qui est fait.
Voilà, comment on gère les affaires de la cité dans un pays dont on dit qu’il a fait sa révolution…