Une année qui s’achève et une autre qui commence! La Tunisie se confronte aux mêmes défis majeurs, notamment économiques, financiers et sociaux. Ces défis exigent des actions à entreprendre dans l’immédiat.
A cet égard, Moez Joudi, président de l’Institut Tunisien des Administrateurs (ITA) nous présente les principaux défis et mise sur les actions du prochain gouvernement.
Leconomistemaghrebin.com : Quels sont les principaux défis de l’année 2020. Notamment en matière de la dette et de la croissance?
Moez Joudi : 2020 sera une année très difficile! Économiquement, financièrement et socialement! Déjà rien que sur la question de la dette, il y a vraiment de quoi s’alarmer!
Parlons chiffres : 75% d’endettement public à fin 2019. Des besoins de financement de 12 milliards de dinars en 2020 dont plus de huit millions de dinars de financement externe. Des services de la dette qui s’élèvent à 11.7 milliards de dinars. Ainsi qu’un endettement des entreprises publiques qui dépasse les 30% du PIB. D’où une situation qui est franchement explosive!
Surtout avec une croissance molle de 1.4% au plus en 2019; et des recettes faibles face à une inflation des dépenses publiques.
Rien qu’avec la masse salariale, chaque année on bat des records! Franchement, entre 19 et 20 milliards de dinars de salaires dans un budget de 47 milliards de dinars, ce qui représente presque la moitié du budget et plus de 15% du PIB, cela devient intenable.
Mais en 2020, le plus grand défi se situera au niveau géostratégique avec l’instabilité régionale, la guerre en Libye et les relations tendues entre les Etats-Unis et l’Iran.
Ce climat délétère est facteur de risques, notamment au niveau du prix du pétrole et des matières premières. Aujourd’hui, le baril de pétrole se négocie à 69/70 dollars. Alors que la loi de finances 2020 en Tunisie a tablé sur un cours de référence de 65 dollars. Et voilà déjà les premiers signaux d’un besoin d’une loi de finances complémentaire en 2020.
Leconomistemaghrebin.com : Quelles sont les actions à entreprendre dans l’immédiat, principalement dans les 100 premiers jours du prochain gouvernement?
Moez Joudi : Faire revenir la confiance et entreprendre les réformes! Le nouveau gouvernement doit montrer, dès les premiers jours, son intérêt probant pour les dossiers et les questions économiques.
Il doit, surtout, commencer par reprendre les relations de confiance avec le Fonds monétaire internationale (FMI). Et ce, pour débloquer les 1.2 milliard de dollars portant sur les deux dernières tranches du dernier crédit convenu.
Ensuite, il faut donner des signaux positifs de reprises : une baisse du taux d’intérêt directeur par exemple décidée par la BCT. Parce que le taux d’intérêt actuel devient asphyxiant pour l’activité économique. Et il a tué l’investissement et la croissance.
Il est nécessaire, également, de booster encore plus la production de phosphates, de pétrole et de gaz. Car les niveaux de production actuels sont encore relativement faibles.
La relance ne pourrait se produire qu’à travers l’investissement public, notamment une politique de grands projets. Une politique qui boosterait l’investissement privé et créera des débouchés et des richesses pour le pays.
Les financements existent, rien qu’entre 2011 et 2019, la Tunisie a bénéficié de 100 milliards de dinars de financements et de dons. Juste, il faut savoir mobiliser ces financements et bien les utiliser.