Le Maroc regorge d’associations de supporters du football espagnol, notamment du Real Madrid et du FC Barcelone. Et pour se rendre compte de cet engouement pour le football espagnol, il faut se rendre dans les villes marocaines. Les cafés sont un lieu de socialisation et de rencontres des fans de la Liga Santander (le Championnat d’Espagne de Football). Reportage.
Lundi 16 décembre 2019. La salle principale de la Chambre espagnole de commerce, d’industrie et de la navigation à Casablanca, située au 33, rue Faidi Khalifa, Casablanca, la capitale économique du Maroc, est pleine à craquer. C’est que l’événement est important : la Pena Madridista, l’Association des « merengue » casablancais qui tient son assemblée générale.
Etaient présents Larbi Bargach, président de l’Association des supporters du Real Madrid de Casablanca, Javiez Diaz, vice-président et Alberto Carnero, consul d’Espagne à Casablanca. Ainsi que Juan Garcia Munoz, président de la Chambre espagnole de commerce, d’industrie et de la navigation à Casablanca.
Un long débat s’engage entre les participants au sujet des rapports moral et financier de l’association. Des rapports qui montrent d’évidence l’intense activité de l’association. Qui outre les activités de « fidélisation aux valeurs du club madrilène », évoquent des actions en faveur des enfants. Notamment ceux issus des milieux défavorisés de la métropole marocaine de quelque 3,4 millions d’habitants.
Sept écrans de soixante pouces pour « fêter le football »
Les associations de supporters de clubs espagnols, le Maroc en regorge. Des associations qui regroupent les fans des deux grands clubs espagnols : le Real Madrid et le FC Barcelone. Toutes approuvées par les associations de fans espagnols.
Youssef Bennani, président de la Penya Gent Blaugrana d’Anfa (GBA), à Casablanca, est le représentant du continent africain à la Fédération mondiale des associations de supporters du club catalan. Il siège, à ce titre, à son comité exécutif.
Pour se rendre compte de cet engouement pour le football espagnol, il faut se rendre dans les villes marocaines où les cafés sont un lieu de socialisation et de rencontres des fans de la Liga Santander.
Et le promeneur se rend très vite compte de cette réalité. A la rue Melilla, par exemple, à Rabat, la capitale politique du Royaume Chérifien, deux cafés accueillent les fans des clubs espagnols. Le nom de ces deux cafés en dit long : l’Arena («espace pouvant accueillir des spectacles, des concerts ou des événements sportifs »). Et Ibiza, île de l’archipel des Baléares.
Autre lieu, autre engouement, le café Ziliss, rue Al Majd, dans le quartier Al Fath, également à Rabat. Le rez-de-chaussée et le premier étage de cet établissement cossu de la capitale marocaine comptent sept écrans de soixante pouces pour « fêter le football ».
Lahcen Chicha avait « attiré le FC Barcelone »
« Lorsqu’il y a une rencontre importante comme Real-Barcelone », note le gérant du café, Hamada Mahassen, « il faut venir une ou deux heures à l’avance pour espérer trouver un siège », renchérit-il. « Il faudra peut-être aussi réserver son fauteuil », raconte Khaled, un fan du Real de Madrid ».
Jogging gris et sourire aux lèvres, notre gérant, la trentaine, dynamique, assure « que l’on en arrive jamais aux mains ». Sans ajouter toutefois qu’il y a toujours de « l’électricité dans l’air ».
Même son de cloche, Boulevard Ba Hnini, à Dakhla, dans l’une des régions du sud marocain (Dakhla-Oued Edahab). Où le café Brazilia est un des hauts lieux des fans des clubs espagnols. Ici, les drapeaux et les portraits des clubs espagnols s’affichent sur les murs (notre photo).
Ici, sans doute plus qu’ailleurs, les habitants vous parlent volontiers du football ibérique. La région a vécu, de 1884 jusqu’à l’indépendance des provinces du sud marocain, sous protectorat espagnol.
Noureddine, la cinquantaine, djellaba grise, employé au port de la ville, nous parle ainsi volontiers des grands footballeurs marocains qui ont marqué dans le passé le football espagnol. Dont un certain Lahcen Chicha du Club Athletico Tétouan (Nord du Maroc). Tétouan faisait partie des provinces du Nord marocain colonisées par l’Espagne.
Du temps où ce club évoluait dans le championnat d’Espagne, Lahcen Chicha avait « attiré le FC Barcelone qui était prêt à céder n’importe quel joueur catalan pour avoir les faveurs du feu follet marocain, qui a du reste refusé l’offre ».
De notre envoyé spécial, Mohamed Gontara